On a pu lire en février dernier dans
les grands journaux nationaux que les pharmacies seraient au bord de la
faillite. Et la raison première évoquée est une chute de leurs marges, ces
fameuses marges directement mises à mal, paraît-il, par les déremboursements.
Ah ces étonnants journalistes qui n’y voient pas une conséquence du Mediator
ou, plus loin encore, du H1N1 ! Qui ne font pas non plus le lien éventuel avec une
actualité vite passée sous silence à la fin de l’an dernier : 4 000 pharmacies
se seraient équipées ces dernières années de logiciels comptables capables de
minorer le chiffre d’affaires à déclarer au fisc…
Pour une fois, je ne cherche pas à être
causaliste. Ne pas rechercher la cause mais se borner aux symptômes, aux apparences
évidentes. Et la première que je remarque c’est que le marché du médicament est
soumis à monopole. Les pharmacies sont donc sur un marché drôlement protégé de
toute concurrence, bien qu’il soit remis en cause actuellement. Mais alors, qu’en
est-il de toutes les autres entreprises soumises à la loi du marché en cette
période de crise ? Comment font les copains ? Demandent-ils, eux aussi, un soutien
exceptionnel de l’État ? Restons encore dans les apparences et soyons utopistes
un instant. Comment se positionner devant une éventuelle concurrence d’herboristeries
? Parce que là aussi, vous allez tous me dire en
chœur que si les herboristeries revenaient, elles leur feraient drôlement
concurrence ! Eh bien je pense que non, ou tout du moins seulement en apparence,
car les quelques boutiques de plantes qui ont continué leur activité malgré la
loi de Pétain de 1941, bien qu’elles connaissent la crise elles aussi, voient
leur clientèle se fidéliser d’année en année. Pourquoi ? Parce qu’une clientèle,
ça se construit. Ça ne se calcule pas au nombre d’habitants installés sur un
périmètre local. Parce qu’un client n’est pas juste une personne qui vient
faire un acte d’achat. Parce qu’un client c’est une personne qui cherche un
conseil et une écoute. Et à en croire les retours des usagers des
herboristeries, tous s’accordent à dire que l’accueil et l’écoute qui leur sont
réservés dans la boutique de plantes sont d’un autre gabarit…
Voyez-vous, la faillite des herboristes de l’après-guerre c’était
justement d’avoir cru que leur valeur était dans le conseil et l’écoute. Quels
naïfs ils étaient à l’époque ! Ils n’ont pas survécu face au monde de l’argent
qui raisonne avec des marges, ces fameuses marges… Et si le monde d’aujourd’hui,
qu’on dit en mutation, nous montrait la nouvelle loi comptable de demain, celle
qui dit que la valeur d’un commerce tient dans le lien que le commerçant crée
avec son client. Un lien durable. On parle de développement durable. Parlons
aussi d’économie durable ! Une économie construite sur des lois écologiques. L’écologie
n’aurait donc pas fini de nous donner des leçons ? Encore une fois, la nature
est bien foutue !
Jean-François Astier
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