lundi 2 juillet 2012

Plantes&Santé n°112 - Avril 2011

La marge de manœuvre de l’herboristerie durable
On a pu lire en février dernier dans les grands journaux nationaux que les pharmacies seraient au bord de la faillite. Et la raison première évoquée est une chute de leurs marges, ces fameuses marges directement mises à mal, paraît-il, par les déremboursements. Ah ces étonnants journalistes qui n’y voient pas une conséquence du Mediator ou, plus loin encore, du H1N1 ! Qui ne font pas non plus le lien éventuel avec une actualité vite passée sous silence à la fin de l’an dernier : 4 000 pharmacies se seraient équipées ces dernières années de logiciels comptables capables de minorer le chiffre d’affaires à déclarer au fisc…

Pour une fois, je ne cherche pas à être causaliste. Ne pas rechercher la cause mais se borner aux symptômes, aux apparences évidentes. Et la première que je remarque c’est que le marché du médicament est soumis à monopole. Les pharmacies sont donc sur un marché drôlement protégé de toute concurrence, bien qu’il soit remis en cause actuellement. Mais alors, qu’en est-il de toutes les autres entreprises soumises à la loi du marché en cette période de crise ? Comment font les copains ? Demandent-ils, eux aussi, un soutien exceptionnel de l’État ? Restons encore dans les apparences et soyons utopistes un instant. Comment se positionner devant une éventuelle concurrence d’herboristeries ? Parce que là aussi, vous allez tous me dire en chœur que si les herboristeries revenaient, elles leur feraient drôlement concurrence ! Eh bien je pense que non, ou tout du moins seulement en apparence, car les quelques boutiques de plantes qui ont continué leur activité malgré la loi de Pétain de 1941, bien qu’elles connaissent la crise elles aussi, voient leur clientèle se fidéliser d’année en année. Pourquoi ? Parce qu’une clientèle, ça se construit. Ça ne se calcule pas au nombre d’habitants installés sur un périmètre local. Parce qu’un client n’est pas juste une personne qui vient faire un acte d’achat. Parce qu’un client c’est une personne qui cherche un conseil et une écoute. Et à en croire les retours des usagers des herboristeries, tous s’accordent à dire que l’accueil et l’écoute qui leur sont réservés dans la boutique de plantes sont d’un autre gabarit…

Voyez-vous, la faillite des herboristes de l’après-guerre c’était justement d’avoir cru que leur valeur était dans le conseil et l’écoute. Quels naïfs ils étaient à l’époque ! Ils n’ont pas survécu face au monde de l’argent qui raisonne avec des marges, ces fameuses marges… Et si le monde d’aujourd’hui, qu’on dit en mutation, nous montrait la nouvelle loi comptable de demain, celle qui dit que la valeur d’un commerce tient dans le lien que le commerçant crée avec son client. Un lien durable. On parle de développement durable. Parlons aussi d’économie durable ! Une économie construite sur des lois écologiques. L’écologie n’aurait donc pas fini de nous donner des leçons ? Encore une fois, la nature est bien foutue !

Jean-François Astier

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