lundi 2 juillet 2012

Plantes&Santé n°113 - Mai 2011

Réaction (post-) nucléaire

Que l’homme est étonnant ! Il est toujours dans la réaction avant d’être dans l’action. Réaction quand il dit que finalement le nucléaire c’est dangereux ! Comme si on ne le savait pas avant que ce nouvel accident au Japon n’arrive. En réaction aussi quand je vois autour de moi les uns faire des stocks de poisson surgelé, les autres de produits japonais dont ils sont friands… En réaction quand j’apprends que la CRIIRAD a reçu en quelques jours des centaines de commandes de compteurs Geiger… En réaction quand j’entends que nos experts en radioactivité vont faire des simulations et des audits… persuadés que ça rassurera les citoyens.

J’ai par contre entendu trop peu de personnes décider de changer de fournisseur d’électricité au profit de compagnies comme Enercoop qui garantissent une électricité uniquement issue d’énergies renouvelables… J’ai entendu trop peu de personnes se demander comment ils pourraient participer individuellement à une nouvelle société sans nucléaire. J’ai entendu trop peu de politiques dire qu’ils souhaitaient tirer des leçons pour faire de nouveaux choix, plus démocratiques, et surtout plus en cohérence avec le développement durable. Car le nucléaire n’a rien de durable : aucune prise en compte des souhaits des populations dans leur présent comme leur devenir, aucune rationalisation environnementale d’un accident qui, on l’a vu, est loin d’être improbable, des déchets non recyclables, une démarche aux antipodes de celle du développement durable. On apprend même que les plans de gestion d’un accident nucléaire sont minimisés. On les programme, histoire de faire bien, mais on les a réduits au lavage, sous prétexte de « sûreté nucléaire ». Avez-vous remarqué que derrière le mot « sûreté nucléaire » nous vivons tous aujourd’hui dans un monde d’insécurité nucléaire sans précédent ?

Encore une fois nous devrions regarder un peu plus la nature… Que font certains végétaux devant des taux de radioactivité élevés ? À Pripiat, la ville la plus proche de Tchernobyl qui a été intégralement évacuée et abandonnée, les arbres reprennent leurs droits et présentent, paraît-il, une vitalité et une croissance exacerbée. Des recherches scientifiques ont listé nombre de végétaux qui sont bioaccumulateurs de radionucléides. Peut-être serait-ce l’occasion de reprendre des recherches laissées pour compte sur les moteurs Pantone qui font, paraît-il, disparaître la radioactivité du carburant qui lui est injecté, surtout s’il peut être d’origine végétale et issu de ces bio-accumulateurs…

« Inactif aujourd’hui, radioactif demain », disaient il y a vingt ans les antinucléaires. Et aujourd’hui, quel doit être le slogan ? On ne peut que souhaiter que l’humain tire les bonnes leçons de ce drame que, au final, nous vivons tous.

Nous devons agir plutôt que réagir, construire dès aujourd’hui une société postnucléaire. Le peuple japonais est très certainement le mieux placé pour relever ce défi. Et nous en France ? Notre nature humaine est-elle bien foutue ?

Jean-François Astier

 « L’action utile se fait d’abord dans la pensée. » René Carbonneau.

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