Le chamane et
le scientifique
J’ai vu un jour un chamane parler à
un ethnobotaniste d’une plante qu’il connaissait bien. Il lui a expliqué les divers
troubles de l’âme qu’il pouvait guérir avec, lui a énuméré les personnes qu’il
a pu soigner grâce à elle. Peu après, l’autre prit la parole à son tour. Il lui
parla de la même plante qu’il avait lui aussi longuement étudié. Il lui décrivit les principes actifs qu’il avait pu extraire et
les essais cliniques expérimentaux qui apportaient un pourcentage de
rémissions… C’était un rêve… et dans mon rêve, quelle différence, entre d’un
côté des personnes soignées par le chamane en tant qu’individus, et de l’autre
des patients n’existant plus que sous la forme de statistiques.
Dans un tel dialogue, croyez-vous
que ces deux personnages, qui représentent deux mondes bien différents, se
comprendront ? Chacun d’eux devra faire preuve d’une grande ouverture
d’esprit pour entendre la vérité de l’autre. Diriez-vous que l’un a raison plus
que l’autre ? A qui feriez-vous confiance d’emblée ?
Lequel des deux est un savant ?
On oublie souvent que les
scientifiques n’ont rien inventé dans le domaine des plantes. Ils courent
derrière le savoir des tradipraticiens pour essayer d’en comprendre des brides et
espérer rendre une molécule généralisable, brevetable. Mais comment croyez-vous
que les chamanes ont eu cette connaissance des vertus des plantes ? On
entend souvent que c’est par l’expérimentation aléatoire, avec les risques que
cela comporte. Mais prenons l’exemple du curare qui a révolutionné la médecine occidentale.
Comment ces habitants des forêts amazoniennes ont-ils pu faire le tri dans les
soixante-dix espèces végétales qui élaborent une quarantaine de curares
différents ? Et c’est le médecin français Jules Crevaux,
en 1883, qui a obtenu d’un chamane la recette très complexe de préparation du
curare… En guise de reconnaissance de ce secret, on offrit à ce dernier une
hache et cinq francs ! Ceci n’est qu’une infime partie du savoir que l’on
a pillé à ces savants de la nature, sans la moindre contrepartie. Et
aujourd’hui, Nous ne sommes même pas capables de les protéger face à
l’expulsion qu’ils subissent sur leur terre ! Si nous pouvions au moins leur
reconnaitre leurs grandes richesses de connaissance… Ce sont eux les
savants !
L’esprit de la plante existe
Je reviens tout juste d’Amazonie où
j’étais en voyage. Si vous connaissez cet endroit, vous partagez sûrement mon
avis pour dire qu’on se sent comme dans un autre monde. La nature est tellement
bouleversante… Se retrouver devant ces arbres gigantesques, quelle
sensation ! Cela a de quoi nous remettre à notre juste place. Quand vous
êtes là, devant cette nature démesurée, vous n’avez plus les mêmes repères. A
certains moments, ça vous prend aux tripes et vous vous dites, « il y a autre chose ». Cette nature
fait vibrer une corde d’habitude silencieuse. Si l’on est réceptif, on se met à
entrevoir que nous sommes la nature, et qu’il n’y a pas de frontière. Les
seules frontières que nous rencontrons sont nos conditionnements
socio-culturels d’occidentaux. Lorsque je me rends en Amazonie, j’ai la
sensation de me retrouver à la source du savoir. Pas à une source primaire ou
tribale mais à la source originelle. La nature ne demande qu’à nous parler mais
combien d’entre nous sont encore aujourd’hui capables de l’écouter ?
Lisez ce livre !
Lorsque je commençais à
m’intéresser aux plantes médicinales, j’avais lu un ouvrage
extraordinaire de Jeremy Narby : le
serpent cosmique. C’était il y a presque 20 ans et il n’a pris aucune ride.
Si vous ne l’avez pas lu, je ne peux que vous recommander de le lire absolument !
Aucune autre explication aussi majestueuse n’a été apporté depuis sur la
connaissance qu’ont les chamanes sur les vertus des plantes. Une grande vérité
ressort de ce livre : nous aurons beau faire toutes les études de
pharmacologie possibles, nous serons toujours dans l’illusion. Les chamanes ont
tout compris ! Si vous le pouvez, allez en Amazonie pour rencontrer cette
nature originelle… mais avant d’accéder au grand livre de la nature, bon sang,
lisez ce livre ! Jeremy Narby nous explique comment prendre contact avec
cette source de connaissance. Il a tracé un chemin que la communauté
scientifique suivra un jour, lorsqu’elle sera prête…
Jean-François Astier
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