lundi 3 mars 2014

Plantes & Santé n°144 - Mars 2014



Soyons radins !

« La seule solution pour faire croître votre entreprise, c’est l’innovation et l’export ! ».
Tel était, en résumé, le discours d’un consultant financier qui était venu me rendre visite, espérant ainsi me prouver sa compétence et décrocher un contrat. Mais quand je lui demandais de mieux s’expliquer, ce monsieur, par ailleurs fort aimable, a cherché à me démontrer par A + B que seule une croissance soutenue de notre économie pouvait nous garantir une issue à la crise que nous vivons…

Ô combien a été difficile pour lui de reconnaitre que ses croyances étaient fausses et nous conduisent… droit dans le mur. L’image que j’ai utilisée ce jour-là était fort simple : une plante, comme chaque être vivant, a besoin de croitre pour vivre. Vous en conviendrez avec moi. Mais pour son environnement, le milieu dans lequel elle vit, faut-il aussi concevoir une croissance ? Une plante a-t-elle besoin d’une quantité toujours plus importante d’engrais pour se développer ? Un animal doit-il toujours consommer plus de nourriture pour survivre ? La réponse est non, car l’énergie qu’il dépense est sensiblement la même chaque jour. S’il croît, ses ressources se doivent de rester stables… Et c’est ainsi que l’équilibre se crée. Toute unité vivante, dans son milieu, participe ainsi aux échanges et à une richesse… de façon constante.
Si l’on change d’échelle et que l’on regarde le milieu dans lequel vit cette plante, on voit que les ressources énergétiques et les apports nutritifs sont constants. Les flux sont stables, ce qui permet un équilibre. Et là, pas de croissance, pas de PIB…
Si l’on compare un écosystème à notre économie, on peut comparer un être vivant à un individu, ou à une entreprise… Tout comme une plante, un individu a besoin de croitre. Une entreprise aussi. Mais pas le lieu de vie dans lesquels ils baignent !!! C’est ça un écosystème (économique).
Quand nos économistes nous parlent de croissance, ils feraient bien de se pencher un instant sur l’écologie. Les écologues le savent bien : un écosystème en croissance est un écosystème non équilibré. Il est grand temps pour nos économistes de comprendre cela… Dans ce but, le premier facteur d’équilibre est d’utiliser des énergies renouvelables ! On le sait, les énergies puisées du sous-sol, charbon, pétrole ou uranium, sont des artifices. Et finalement l’export aussi…
Suis-je radin de raisonner ainsi ? C’est le reproche que l’on m’a fait. Radin ? Je l’accepterais volontiers si je n’avais pas pour but de voir au-delà des quelques années que nos économistes ont en perspective. Qu’en sera-t-il dans 50 ans ? Seuls les gens qui raisonnent en notion d’équilibre peuvent se permettre d’y répondre.  Je souhaite en faire partie. Même si je dois être affublé du titre de radin.
Je ne crois plus à cette croissance qu’on nous assène au quotidien. Et vous ? Que croyez-vous ? Êtes-vous aussi un radin qui s’ignore ?


Jean-François Astier

« L'un des pires démons de la civilisation technologique est la soif de croissance. »
René Dubos

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