mercredi 18 décembre 2019

Il était une fois, dans la ville de Foix


Il était une fois
Dans la ville de Foix,
Un jeune Jean-François
Qu’allait comme maintes fois
Avec son charroi
Vendre à Mirepoix,

Depuis de longs mois,
Eliane rêvait : « moi,
Les plantes, faut qu’ j’ les voie
Dans un bel endroit.
Paris, c’est étroit,
Chez les Ariégeois
Il paraît qu’ça croît
Et que ça verdoie ! »

Et c’est avec joie
Qu’elle s’en va tout droit
Au marché d’Mirepoix,
Hormis c’qu’elle prévoit,
Qu’est-ce-qu’elle (y) aperçoit ?
Le gars au charroi !
Cela va de soi.

Sans aucun effroi
V’la qu’elle lui envoie :
« Hé ! Forain, dis-moi,
As-tu bien le droit
De vendre quoi qu’ce soit,
Ou tu te l’octroies ? »
D’abord se tient coi,
Scrutant son minois.
Et rétorque, pantois
Mais sans désarroi :
« Faut-il que j’guerroie ?
Dans tout c’que j’emploie
Y’a pas une seule noix
Ni même un petit pois
Qui soit hors la loi ! »

Puis un brin narquois
Néanmoins courtois :
« Et si quelquefois
T’es toute de guingois,
Tu as mal au foie
Ou… juste un peu froid,
J’ t’assure, j’y pourvoie !
Si l’malaise s’accroît,
Si l’mal s’fait sournois,
Aussitôt tu dois
Venir faire ton choix
Dans mes herbes à moi. »

Sur leur quant-à-soi,
Se disent « j’sens qu’cette fois,
D’après mon p’tit doigt,
C’est de bon aloi !
Allons toutefois
Explorer l’sous-bois. »

Sans qu’ils y sursoient,
Partent, est-ce un convoi ?
Près des fleurs qu’ils choient
S’extasient parfois,
Se penchent, puis s’assoient,
Et du noir ne broient.

Devant tout c’qu’ils voient
Tige, brindille ou quoi,
Chacun d’eux perçoit
Que l’autre fait le poids
Et ce qu’il conçoit
Jamais ne l’déçoit.

C’est alors qu’en proie
A de vifs émois
Au pied des parois
Entourés d’chamois,
Echangeant leur foi,
Ensemble ils déploient
Le son de leur voix
Que l’écho renvoie :
« l’amour, moi j’y crois,
Et l’élu(e), c’est toi ! »

Heureux comme des rois,
Vivent sous le même toit.
A nous il échoit
D’leur souhaiter, ma foi,
D’être un jour à trois
Et plus par surcroît !

Et voilà pourquoi,
En ce joli mois,
Chacun par sa voie
Est venu de Troyes,
Cayenne, Bois-le-Roi,
Trifouillis-les-Oies.
Y’a p’t-être des Chinois
Ou des Bavarois,
Ou des Iroquois ?

Tous, on nous reçoit,
Et remplis de joie
On boit, on festoie !
De qui vient l’exploit ?
C’est à vous qu’on l’doit,
Nos chers Ariégeois,
Eliane, Jean-François !



Véronique Grison, 27 mai 2006

Merci à Véronique pour la rédaction de ce joli texte que nous avons eu l'occasion de découvrir lors de notre mariage. Un grand moment !

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