Une herboriste au Liban
Les
actualités géopolitiques ne sont pas
souvent gaies à entendre. Mais si nos journaux parlaient de temps en temps de
ce qui va bien, ils auraient relevé le parcours atypique d’Anabel, une
sage-femme herboriste...
La découverte de deux passions
Anabel
Gravel Chabot était partie pour la production théâtrale, mais très vite, elle
s’aperçoit que ce métier exigeant n’est pas fait pour elle. Citadine depuis
toujours, elle a toujours eu un goût pour la nature. A 21 ans, elle décide
alors de suivre des cours d’herboristerie chez Flora Medicina, une école
réputée de Montréal. C’est lorsqu’elle aborde le thème « médecine
botanique pour la santé des femmes » que son cœur s’embrase. Elle veut
être sage-femme. Elle se forme dans la foulée à l’Université du Québec sur 4
ans avec une spécialité, l’accouchement à la maison.
C’est
à ce moment que son idéal se dessine : elle veut concilier l’herboristerie
et le métier de sage-femme.
Le Liban, terre fertile
C’est
au cours d’un périple en Asie qu’elle rencontre son futur mari, un libanais.
Elle tombe amoureuse de cet homme mais aussi de son pays qu’elle rencontre en
2012. En 2013, elle s’installe à Beyrouth dans l’objectif de mener à bien ses
projets : mettre ses compétences au services des futures mamans, proposer
des ateliers pour divulguer la connaissance des plantes et promouvoir sa petite
entreprise de vente de plantes Flower
Power1 (le pouvoir des plantes). Depuis ce démarrage, ses
diverses activités font leur chemin. Les ateliers sont en place et sa boutique
propose ses produits sur les marchés au Liban mais aussi en itinérance en
Turquie et au Canada.
Aider les gens à vivre selon leur idéaux
Voici
sa philosophie en deux mots, recueillie par le journal L’Orient du jour2 : « Je veux être une inspiration pour ma communauté et aider les gens à
vivre selon leurs idéaux. Je crois que le modèle de la médecine actuelle
s'occupe toujours des symptômes de la maladie, mais rarement de sa cause. Or,
une grande partie de notre pouvoir à guérir et soigner nous a été confisqué par
une pensée de l'art de guérir moderne qui sépare corps et esprit, dévalorise le
savoir traditionnel et diminue l'importance de l'intuition et des émotions
».
Sur
ce point, cette jeune personne courageuse m’a beaucoup touché. Elle porte ici
des valeurs de notre jeunesse, celle qui se pose des questions et qui remet en
cause les dogmes établis par nos sociétés malades.
Entre sécurité et liberté
Au
Liban, la jeune femme témoigne2 de
l’aisance de s’installer pour vendre des plantes, ce qui est bien plus facile
Canada. Malgré tout, il faut créer son réseau de façon plus autonome, chose qui
demande beaucoup d’énergie. Les règles de sécurité qui encadrent ce genre
d’activité ne sont donc pas aussi lourdes qu’en Occident. Certainement parce
qu’une activité traditionnelle n’a rien de dangereux, que personne ne s’en
plaint, en profite et surtout, parce que la tradition est accessible au peuple.
On est loin de la politique sécuritaire qu’à mis en place l’Europe ou les pays d’Outre
Atlantique. Il devrait y avoir un cadre spécial pour les activités de ce genre
qui font perdurer la tradition.
Et la tradition continue…
Ce
sont des personnes comme Anabel qui font que la tradition des plantes perdure.
Elles la font même avancer car le métier d’Anabel est nouveau. Il concilie les
connaissances de la médecine conventionnelle, celles de la physiologie et de
l’anatomie, qui sont incontestablement plus avancées qu’auparavant. Le savoir
traditionnel s’en trouve ici valorisé. C’est la naissance d’une nouvelle
médecine, celle qui pointe plus en plus aujourd’hui : la médecine
intégrative. La démarche d’Anabel en est une illustration vivante. Deux mondes différents, l’Orient et l’Occident
échangent et s’enrichissent l’un et l’autre. C’est ce que représente cette
femme.
Cela
fait plaisir de voir que l’herboristerie avance sous des formes vivantes, non
pas seulement dans la vente de plante en boutique.
Jean-François
Astier
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