jeudi 4 février 2010

Je jeûnerai cette fin de semaine pour aider un ami et sa famille

Bonsoir Grégoire,
Ton idée de pratiquer un jeûne pour protester devant l'inconstance de nos dirigeants est une très bonne idée, et je la pratiquerai en manifestation de mon soutien personnel ce prochain week-end avec toi.
Suite à ta demande, voici en deux mots ce que je te recomande pour bien réaliser un jeûne, petit ou grand.

D'abord, ne pas se faire piéger par les mauvaises pensées "jeûner " = "mourir" car si je ne mange plus, je vais forcément aller en décrépitude!!! (sic).
Partir du principe que, pour nos organismes bien nourris, jeûne = mise au repos = vacances. C'est donc dans un climat de confiance qu'il faut le pratiquer, mais aussi et surtout dans un climat de repos.

La règle numéro 1 est de boire de l'eau dès qu'on a soif, sans pour autant se forcer. Privilégier une eau pure (peu minéralisée) comme Mont Roucous, Montcalm ou Volvic à défaut.

Ensuite, très souvent pour la personne inexpérimentée, le jeûne entraîne des réactions physiologiques parfois désagréables :
- l'hypoglycémie, avec pour sensation qu'on va "tomber dans les pommes". Il suffit alors de boire un peu d'eau et de s'asseoir, ou même mieux de s'allonger un peu et attendre que ça passe.
- la sensation de faim : en fait, c'est juste une réaction de l'estomac qui a l'habitude d'effectuer un travail à heure plus ou moins fixe. Là aussi un peu d'eau suffit à le faire passer. On peut aussi aller faire quelques pas dans le jardin pour momentanément ne pas être la tête trop occupée par cette sensation passagère.

Mais d'un autre coté, la pratique du jeûne est une très belle expérience :
1- apprendre à se couper symboliquement du geste de consommation et d'appropriation : "c'est à moi et je le mange".
2- pour moi la sensation la plus agréable est de sentir ses pensées devenir plus limpides, souvent aussi plus rapides. J'ai souvent remarqué que la créativité est alors exacerbée.
3- enfin, une observation très matérielle : quel bonheur de voir tout ce temps gagné à ne pas préparer ces trois repas quotidiens, gagné à ne pas devoir s'asseoir pour absorber notre ration trois fois quotidienne, gagné à ne pas devoir passer de longues minutes à faire la vaisselle, ranger toute la cuisine et enfin, gagné à ne pas devoir faire une sieste digestive ni ne supporter les odeurs générées par cette drôle d'activité (si nouvelle en termes d'évolution de notre espèce) de faire cuire les aliments.

Le mot de la fin si tu permets :
Au Moyen Age, on désignait ce que l'on mangeait par le mot "vivres". Les temps étaient durs et résister à la famine hivernale était une priorité de vie. Il fallait donc avoir de quoi "vivre". Puis plus tard on les a qualifié de "nourriture" (on parlait alors aussi en parallèle de nouriture spirituelle). Maintenant la bouffe est décortiquée en aliments, et l'alimentation est comprise en une simple somme de nutriments dont les rôles s'expliquent simplement par les lois de la physiologie. Ou est passée la maxime d'Hippocrate "que ton aliment soit ton premier remède " ? A méditer.... lors d'un prochain jeûne !

Hippocrate résumait souvent ses conseils face à une personne malade en disant "vider la tête et vider le ventre". Le jeûne est aussi l'occasion de vider la tête. Méditons, mais dans le calme et le repos, même si les actualités sont difficiles à vivre.

Bien à toi,

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