lundi 2 juillet 2012

Plantes&Santé n°116 - Septembre 2011

L’enfer est pavé de bonnes intentions…
Enfin ! En plein mois de juillet, Jean-Luc Fichet, sénateur du Finistère, a déposé une proposition de loi visant à réhabiliter l’herboristerie*. A première vue, on ne peut que se réjouir de cette initiative. Mais comment réinstaurer le diplôme d’herboriste et recréer la profession? C’est là que le bât blesse.
Ce projet rappelle en préambule qu’il existe des enseignements d’excellent niveau « mais sans reconnaissance de l’université ». Oui et alors ? Pourquoi le diplôme d’herboriste devrait il passer par les griffes des universitaires ? Dans cette proposition de loi, je lis plus loin que « les plantes médicinales connaissent un regain d’intérêt », et aussitôt après « La demande des consommateurs en tisanes (…) et compléments alimentaires à base de plantes est chaque jour de plus en plus grande. ». Tout le texte fait ainsi l’amalgame entre les plantes médicinales et les compléments alimentaires, deux notions pourtant bien différentes aux yeux de l’Europe.
Mais la vraie finalité de ce texte mal ficelé nous est révélée un peu plus loin : « Le diplôme de pharmacien ne paraît pas adapté à la connaissance des plantes. (…) Or, la création d’un professionnel de l’herboristerie serait bénéfique aux officines de pharmacies, dont certaines sont confrontées à des difficultés économiques… ». Nous y voilà. S’agirait-il de sauver les pharmacies en faillite ? Et pour mieux motiver cette proposition, ses auteurs rappellent la potentielle dangerosité des plantes. Amalgame là encore et faux procès puisque cet aspect a été résolu dans les compléments alimentaires par la vigilance imposée logiquement par la DGCCRF. Le complément alimentaire rentre dans le cadre législatif de l’alimentation. Et je ne cesse de le répéter : la santé, c’est d’abord l’alimentation !
Selon cette proposition, seuls ces « herboristes », confinés dans des officines, seraient habilités à commercialiser les 148 plantes « libérées » depuis 2008. Tout cela sous la férule de l’Afssaps, organisme réputé pour sa vigilance. Les professionnels du complément alimentaire n’auraient qu’à bien se tenir en faisant certifier leurs produits par un herboriste ou… un pharmacien-herboriste.
Une nouvelle profession d’herboriste n’a pas sa place dans le code de la santé publique comme le préconise ce texte mais doit relever des lois de la consommation.  Quant à «un meilleur encadrement de ces produits (les compléments alimentaires) pour une meilleure protection des consommateurs », on l’aura compris, l’argument cache mal la volonté de donner le contrôle des compléments alimentaires au secteur pharmaceutique.
Voilà un salmigondis d’approximations et de contre-vérités. Les sénateurs n’auraient-ils été conseillés que par des incompétents ?… A moins qu’il ne s’agisse que de malveillance.
Notre démocratie parlementaire est toujours aussi mal foutue !

Jean-François Astier

 « La politique est l’art d’empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde. » Paul Valéry.
*http://www.jeanlucfichet.fr/wp-content/uploads/2011/07/Proposition-de-loi-Herboriste-12-juillet-2011.pdf

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