L’enfer
est pavé de bonnes intentions…
Enfin ! En plein mois de juillet, Jean-Luc Fichet, sénateur
du Finistère, a déposé une proposition de loi visant à réhabiliter
l’herboristerie*. A première vue, on ne peut que se réjouir de cette
initiative. Mais comment réinstaurer le diplôme d’herboriste et recréer la
profession? C’est là que le bât blesse.
Ce projet rappelle en préambule qu’il existe des enseignements
d’excellent niveau « mais sans
reconnaissance de l’université ». Oui et alors ? Pourquoi le diplôme
d’herboriste devrait il passer par les griffes des universitaires ? Dans
cette proposition de loi, je lis plus loin que « les plantes médicinales connaissent un regain d’intérêt », et
aussitôt après « La demande des consommateurs
en tisanes (…) et compléments alimentaires à base de plantes est chaque jour de
plus en plus grande. ». Tout le texte fait ainsi l’amalgame entre les
plantes médicinales et les compléments alimentaires, deux notions pourtant bien
différentes aux yeux de l’Europe.
Mais la vraie finalité de ce texte mal ficelé nous est révélée un
peu plus loin : « Le diplôme de
pharmacien ne paraît pas adapté à la connaissance des plantes. (…) Or, la
création d’un professionnel de l’herboristerie serait bénéfique aux officines
de pharmacies, dont certaines sont confrontées à des difficultés
économiques… ». Nous y voilà. S’agirait-il de sauver les pharmacies en
faillite ? Et pour mieux motiver cette proposition, ses auteurs rappellent
la potentielle dangerosité des plantes. Amalgame là encore et faux procès
puisque cet aspect a été résolu dans les compléments alimentaires par la vigilance
imposée logiquement par la DGCCRF. Le complément alimentaire rentre dans le
cadre législatif de l’alimentation. Et je ne cesse de le répéter : la
santé, c’est d’abord l’alimentation !
Selon cette proposition, seuls ces « herboristes »,
confinés dans des officines, seraient habilités à commercialiser les 148
plantes « libérées » depuis 2008. Tout cela sous la férule de l’Afssaps,
organisme réputé pour sa vigilance. Les professionnels du complément
alimentaire n’auraient qu’à bien se tenir en faisant certifier leurs produits
par un herboriste ou… un pharmacien-herboriste.
Une nouvelle profession d’herboriste n’a pas sa place dans le code
de la santé publique comme le préconise ce texte mais doit relever des lois de la
consommation. Quant à «un meilleur encadrement de ces produits (les
compléments alimentaires) pour une
meilleure protection des consommateurs », on l’aura compris, l’argument
cache mal la volonté de donner le contrôle des compléments alimentaires au
secteur pharmaceutique.
Voilà un salmigondis d’approximations et de contre-vérités. Les
sénateurs n’auraient-ils été conseillés que par des incompétents ?… A
moins qu’il ne s’agisse que de malveillance.
Notre démocratie parlementaire est toujours aussi mal
foutue !
Jean-François Astier
« La politique est l’art d’empêcher les
gens de se mêler de ce qui les regarde. » Paul Valéry.
*http://www.jeanlucfichet.fr/wp-content/uploads/2011/07/Proposition-de-loi-Herboriste-12-juillet-2011.pdf
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