Je suis un rat de bibliothèques.
J’adore ouvrir un livre et me plonger dans ses lignes. Et derrière les mots, il
y a toujours des étymologies passionnantes. J’ai découvert dernièrement le Dictionnaire historique de la langue
française, rédigé sous la direction d’Alain Rey. C’est un formidable pavé consacré
à la langue de Molière. Par acquit de conscience, j’ai jeté un coup d’œil sur
l’étymologie du mot « naturopathe », et là, quelle ne fut pas ma
surprise de voir la définition qu’en donne Alain Rey. Selon lui, il faut
entendre par naturopathe « l’adepte
du traitement par des moyens naturels ». Et de préciser : « mal à propos […] -pathe désignant
ici le thérapeute et non le patient »…
Je rejoins complètement notre
éminent linguiste quand il nous dit, en préambule, que l’origine du mot nature vient du latin natura signifiant faire naître. Nous
sommes bien dans l’idée de genèse et donc in
fine de principe vital… Mais M. Rey nous donne sa définition du naturopathe
après un développement sur le naturisme, mot apparu très récemment, dans les
années 30. Et dans son élan, il voit dans le naturopathe un adepte de la nature…
Erreur. La médecine naturopathique observe le principe vital propre à tout être
vivant. Elle utilise comme outil principal cet examen du vivant pour
appréhender les déséquilibres qui en suivent. Mieux, le naturopathe, au
quotidien, s’appuie sur cette même énergie vitale pour redonner à son patient un
équilibre de santé. Avouez qu’on est loin d’un simple adepte de la nature !
Est-il besoin de rappeler qu’en
naturopathie nous sommes aux antipodes de la médecine conventionnelle basée sur
le « pathos » ? Pour elle, si nous sommes malades, c’est
parce que quelque chose, venant de l’extérieur, nous est tombé dessus. De
responsabilité personnelle, point ! Or le naturopathe considère que tout vient
de cette énergie vitale. Pour lui, on ne « tombe » pas malade, mais
on le devient, du fait d’une vitalité défaillante. Pour lui, c’est l’équilibre
qui fait la bonne santé. Il n’est pas là pour chasser microbes et virus, mais
favoriser un équilibre, principe même de la santé. Cette énergie vitale génère
nos capacités d’auto guérison. Comme Alain Rey nous l’explique, on est bien
dans cette notion de nature, donc de
genèse, de naissance, de vie.
« Le monde est nature, et la nature est le monde ».
C’est ce que me disait un ami récemment en se moquant de mon titre de directeur
de « Natura Mundi ». Pour
lui, on ne peut pas faire un « monde de naturel », c’est extravagant.
Mais je persiste : nous sommes tellement dans un monde artificiel qu’il me
semble important de rappeler qu’il existe un monde de naturel. Nous sommes
tellement dans un monde de mort (notre société est d’ailleurs basée sur des
énergies fossiles, donc mortes…) que l’on en oublie que Dame Nature fait
toujours naître des solutions, de la vie, et qu’elle génère un enfantement
perpétuel. La nature n’est qu’abondance de naissances. Ca paraît illogique,
mais c’est bien ce que je dis toujours : cette Terre Mère, elle n’est pas
si mal foutue !
« Tous les êtres ont une fatalité au bonheur. » Arthur Rimbaud.
* « De la nature des
choses » - Lucrèce – 98-55 av. JC
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