Un journaliste fort
stupéfiant
Les
65 centrales qui composent le parc nucléaire des États-Unis produisent plus de
100 GW d’énergie chaque année. Une somme ! L’équivalent d’une de ces centrales
ne fonctionne que pour dédier l’énergie nécessaire à une activité agricole bien
particulière. Devinez laquelle ? Je vous le donne en mille : c’est pour la
culture du cannabis.
Ce
sont des milliers et des milliers de simples citoyens, qui, à l’abri des regards
indiscrets, installent pour leurs besoins des lampes hyperpuissantes qui simulent
la lumière du jour. Ils reconstituent ainsi les conditions idéales pour la
réussite de leurs plantations. Caves, greniers, placards, tous les endroits
sont bons pour ceux qui ne veulent pas dépendre d’une qualité de plus en plus
médiocre de résine de cannabis présente sur le marché. Parce qu’elle est trop
souvent coupée avec de la strychnine, de l’huile de vidange, du café, du verre pilé
et j’en passe, les consommateurs préfèrent connaître la traçabilité de leur substance.
En France, ce nombre de cultivateurs est estimé entre 150 000 et 300 000.
Dans le
quotidien La Voix du Nord du 3 février dernier, un journaliste
certainement très conservateur a décrit avec émoi l’arrestation d’un individu
parmi tant d’autres. Cet homme avait acquis récemment une maison pour y
cultiver, sous un éclairage puissant, quelque quarante pieds d’herbe interdite
aux propriétés stupéfiantes. On ne pourrait que féliciter les équipes
spécialisées dans la prévention et la répression de la drogue de finalement
faire aussi un travail en faveur de la planète. Car ils participent ainsi,
certainement sans le savoir, à réduire la consommation d’électricité issue du
nucléaire. Un combustible qui est tout sauf vert ! Mais loin d’un tel
argumentaire écologique, comme si les mots lui manquaient pour décrire ce
cultivateur illégal, ce journaliste à la plume légère se permit de le qualifier
d’« herboriste ». Là, je m’insurge ! Que sont ces
manières d’utiliser le terme d’herboriste qui, en plus de tomber dans l’oubli,
glisserait maintenant vers le déni ? N’est-ce pas dépasser la ligne verte que
de dire que la culture cannabique est une tâche qui incombe à l’herboriste ?
Bien que le
diplôme ait été supprimé en 1941, le métier existe toujours. L’herboriste que
je suis, et tous mes confrères avec moi, conseille plutôt des plantes de santé
mais, inutile de le rappeler, pas de plantes illégales ! Vivement un syndicat
des herboristes pour revendiquer la reconnaissance de notre métier et défendre
nos couleurs quand la plume de certains se fait bien légère !
Jean-François Astier
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