lundi 2 juillet 2012

Plantes&Santé n°123 - Avril 2012

Un journaliste fort stupéfiant

Les 65 centrales qui composent le parc nucléaire des États-Unis produisent plus de 100 GW d’énergie chaque année. Une somme ! L’équivalent d’une de ces centrales ne fonctionne que pour dédier l’énergie nécessaire à une activité agricole bien particulière. Devinez laquelle ? Je vous le donne en mille : c’est pour la culture du cannabis.


Ce sont des milliers et des milliers de simples citoyens, qui, à l’abri des regards indiscrets, installent pour leurs besoins des lampes hyperpuissantes qui simulent la lumière du jour. Ils reconstituent ainsi les conditions idéales pour la réussite de leurs plantations. Caves, greniers, placards, tous les endroits sont bons pour ceux qui ne veulent pas dépendre d’une qualité de plus en plus médiocre de résine de cannabis présente sur le marché. Parce qu’elle est trop souvent coupée avec de la strychnine, de l’huile de vidange, du café, du verre pilé et j’en passe, les consommateurs préfèrent connaître la traçabilité de leur substance. En France, ce nombre de cultivateurs est estimé entre 150 000 et 300 000.


 Dans le quotidien La Voix du Nord du 3 février dernier, un journaliste certainement très conservateur a décrit avec émoi l’arrestation d’un individu parmi tant d’autres. Cet homme avait acquis récemment une maison pour y cultiver, sous un éclairage puissant, quelque quarante pieds d’herbe interdite aux propriétés stupéfiantes. On ne pourrait que féliciter les équipes spécialisées dans la prévention et la répression de la drogue de finalement faire aussi un travail en faveur de la planète. Car ils participent ainsi, certainement sans le savoir, à réduire la consommation d’électricité issue du nucléaire. Un combustible qui est tout sauf vert ! Mais loin d’un tel argumentaire écologique, comme si les mots lui manquaient pour décrire ce cultivateur illégal, ce journaliste à la plume légère se permit de le qualifier d’« herboriste ». Là, je m’insurge ! Que sont ces manières d’utiliser le terme d’herboriste qui, en plus de tomber dans l’oubli, glisserait maintenant vers le déni ? N’est-ce pas dépasser la ligne verte que de dire que la culture cannabique est une tâche qui incombe à l’herboriste ?


 Bien que le diplôme ait été supprimé en 1941, le métier existe toujours. L’herboriste que je suis, et tous mes confrères avec moi, conseille plutôt des plantes de santé mais, inutile de le rappeler, pas de plantes illégales ! Vivement un syndicat des herboristes pour revendiquer la reconnaissance de notre métier et défendre nos couleurs quand la plume de certains se fait bien légère !



Jean-François Astier
 « Jamais les mots ne manquent aux idées ; ce sont les idées qui manquent aux mots. » Joseph Joubert.



 Plantes&Santé n°123 - Avril 2012


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