lundi 2 juillet 2012

Plantes&Santé n°124 - Mai 2012

Carbone ? Uranium ? Touchons du bois !

S’il y a bien un homme qui imagine le monde de demain comme un monde à construire et non comme un monde en perdition, c’est Jeremy Rifkin ! Dans son livre récent «La troisième révolution industrielle », il présente des moyens concrets pour que l’être humain puisse s’adapter aux crises majeures qui arrivent. Et quelles crises ! On sait que le réchauffement climatique est une réalité dramatique qui nous attend, on sait aussi que l’ère du pétrole touchera à sa fin. Et Rifkin de nous expliquer, avec moult précisions, que l’un est la cause de l’autre. J’ai été impressionné, à travers ses lignes qui se lisent aisément, d’apprendre que l’Europe a choisi la voie de la troisième révolution industrielle.

 Comment nos décideurs français, qu’ils soient dans le domaine économique, politique ou même de la santé peuvent-ils ne pas être au courant de ces démarches engagées ? Surtout, comment peuvent-ils ne pas connaître les solutions ô combien concrètes que propose Rifkin ? Pour premier exemple (qui fâche bon nombre de concitoyens, je le sais), pourquoi continuer dans cette impasse énergétique qu’est le nucléaire ? La vie sur Terre n’a commencé à se développer que lorsque la radioactivité a diminué. Utiliser de l’énergie nucléaire aujourd’hui, c’est provoquer à nouveau, tôt ou tard, un taux de radioactivité totalement incompatible avec un processus de vie. Même si la technologie est intéressante, elle est de toute façon biologiquement aberrante. La décentralisation énergétique est l’une des solutions de demain que nous propose Jeremy Rifkin. Les énergies renouvelables ont ceci de commun qu’elles sont distribuées sur la Terre entière : quand il n’y a pas de solaire, il y a de l’éolien, de la biomasse, ou de la géothermie.
 Le pétrole, le gaz ou le charbon sont des énergies fossiles, par accumulation d’énergie solaire via le végétal. Pourquoi attendre 200 millions d’années pour obtenir ces énergies ? Pourquoi retirer ce précieux lubrifiant des plaques tectoniques alors que le bois est une ressource énergétique naturelle issue d’un cycle court ? Il serait même beaucoup plus intéressant et beaucoup moins coûteux d’utiliser le bois avant même d’installer des capteurs solaires. Les plaques de silicium ne se renouvellent pas naturellement comme le bois et sont énergivores à la fabrication.

 Une chaudière à bois pourrait produire par cogénération de l’électricité en plus de la chaleur. Ne serions-nous pas capables d’inventer des systèmes énergétiques autonomes pour des petites structures comme une maison, un lotissement, un bâtiment industriel ou une municipalité rurale ? Couplé à des capteurs solaires ou à une éolienne, un bâtiment ou un groupe de logements pourrait devenir producteur de sa propre énergie. Une énergie distributive, sans effet carbone, sans système centralisé. Une solution idéale pour répondre aux voitures électriques et à hydrogène qui sont annoncées prochainement sur le marché. Une société à fonctionnement latéral et non hiérarchique générerait aussi une autre approche du bien-être et de la santé.
 On disait il y a trente ans «en France on n’a pas de pétrole mais on a des idées». Redécouvrons notre pétrole vert qui est le monde végétal. Voici donc une nouvelle mission pour notre prochaine équipe gouvernementale. À condition qu’elle affiche une démarche progressiste et non conservatrice… Rien n’est moins sûr !




Jean-François Astier
 « Si tu es au fond du trou, cesse de creuser. » Vieil adage des prospecteurs de pétrole texans.



 Plantes&Santé n°124 - Mai 2012


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