vendredi 16 novembre 2012

Plantes&Santé n°130 - Décembre 2012


Où est le roi ?

« Pour votre sécurité, il est interdit aux fabricants de compléments alimentaires de dire à quoi sert la canneberge ». Voici grosso modo le discours actuel de l’EFSA*. En tant que directeur de laboratoire de compléments alimentaires, je rencontre ce genre d’énormité chaque jour. Et ceci depuis que nous devons nous mettre au diapason de la nouvelle règlementation européenne sur les allégations nutritionnelles.

Ainsi, le complexe Co-uriquilibre® que je propose à Natura Mundi doit d’abord changer de nom. Il est vrai qu’il serait dangereux qu’un consommateur se fie uniquement à son titre pour soigner une maladie urinaire. Tout cela parce qu’il sous entend un « équilibre urinaire », et donc un évident bienfait de santé, soi disant non prouvé. Son ingrédient principal ? La canneberge ! Une plante qui a pourtant été étudiée par la science sous toutes ses coutures et pour laquelle les propriétés ont été maintes fois validées par la tradition. Mais malgré cela, lorsque je demande à mon expert règlementaire l’avis de l’EFSA sur la canneberge, voici ce qu’il me répond : « toutes les allégations sur la canneberge ont été refusées.  A compter du 14 décembre 2012, toute communication sur cet ingrédient et notamment sur la thématique « confort urinaire » sera interdite. Aucune communication « santé » ne sera possible à partir de cette date ».

Par ce discours, j’entends surtout que si le consommateur souhaite uriner tranquillement, il vaut mieux qu’il s’adresse au secteur médical, et point au secteur de la diététique. Serait-ce la croissance ininterrompue du marché des compléments alimentaires (+ 4,5 % aux Etats Unis en 2011) qui commencerait à en agacer certains ? Etonnamment, la canneberge figure en première ligne des 40 plantes les plus vendues, avec 40 millions de dollars de chiffre d’affaire en 2011 rien qu’aux Etats Unis². Bizarrement, des allégations sont en attente d’autorisation et non interdites pour l’hibiscus, deuxième ingrédient de notre complexe. Il possède des propriétés similaires à la canneberge mais n’a pas l’honneur de figurer sur ce « top 40 » des meilleures ventes.

Rien n’a donc changé depuis la révolution ? Ce sont donc toujours les mêmes qui s’enrichissent grâce au pouvoir de la corruption ? On a presque envie de dire à nouveau : « le roi sur le billot ! » Mais qui est le roi aujourd’hui ? Et qui est à la cour ?

En tant de défenseur de la nature, naturopathe et distributeur de plantes de santé, je porte des projets et une passion que je veux transmettre. Mais comment faire si pour s’enrichir, des multinationales nous interdisent de perpétuer une tradition populaire, et ceci en connivence avec les autorités qui nous chapeautent ?

Vive la liberté de la presse qui au moins là existe encore ! Nous ne nous arrêterons pas là ! La Cour de Justice Européenne n’a pas encore assez entendu parler du vrai problème…

1 EFSA = European Food Safety Authority (Autorité européenne de sécurité des aliments)

² Herbalgram 10-12.Herb supplement sales increase 4,5% in 2011. pp 60-64.


Les trésoriers sont les éponges du Roi

(Vespasien a donné cette qualité à ses financiers, qu’il pressait comme des éponges quand ils étaient trop gorgés de richesses)




 Plantes&Santé n°130 - Décembre 2012








Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire