vendredi 18 janvier 2013

Plantes&Santé n° 132 - Février 2013

EFSA ou EFSSA ?
Pour fêter ses 10 ans d’existence, notre éminente Autorité Européenne de Sécurité des Aliments, l’EFSA, a proposé une conférence intitulée « Ready for the challenges of tomorrow » (prêt à relever les défis de demain). Catherine Geslain-Lanéelle, directrice exécutive de l’EFSA, n’a pas manqué de conclure que « les succès de ces 10 dernières années ont été rendus possibles grâce […] à l’adoption d’une approche fondée sur la science ». L’EFSA deviendrait-t-elle donc l’EFSSA,  l’Autorité Européenne de Sécurité par la Science des Aliments ?
Si les compléments alimentaires et les plantes qui sont sous sa coupe, sont sécurisés par la science, que fait-on de la tradition ? Tous les siècles de savoirs accumulés sont-ils bons pour le bûcher ? Cela me rappelle une triste époque où l’on a brulé des livres pour éradiquer un pan de l’histoire.
Rappelons-le, cette Autorité est née au lendemain de la crise de la vache folle. Est-elle le meilleur organisme pour réglementer les plantes de santé et les compléments alimentaires ? Les experts scientifiques qui ont rejeté 1600 allégations et n’en n’ont retenu que 222 (qui concernent les vitamines et les minéraux) sont-ils les mieux placés pour accueillir tout un savoir sur les plantes ? Certes, un organisme de contrôle est plus qu’utile pour la filière alimentaire. Mais en ce qui concerne les plantes et les compléments alimentaires, est-ce bien l’Autorité la plus adaptée pour plus de sécurité ?
Sur les étagères de ma bibliothèque je compte plus d’une douzaine de livres qui traitent de la rhodiola. Des livres qui relatent une utilisation traditionnelle en passant par des études soviétiques ou américaines… tout y est pour constituer une bonne base de données sur cette merveilleuse plante. Pour le serpolet, la myrtille, le souci ou le chardon Marie, je ne compte pas la quantité d’ouvrages qui les concernent. Avant même l’invention du livre imprimé,  herboristes ou médecins ont écrit au fil des siècles leurs pratiques et leurs observations cliniques. Ne pourrait-on pas conserver cette tradition qui a fait ses preuves ?
On aurait pu choisir de considérer ce savoir comme un verre à moitié plein que les études scientifiques seraient à même d’enrichir davantage. Mais la communauté européenne a désigné l’EFSA  pour s’occuper de notre « sécurité ». Et celle-ci préfère voir la moitié vide du même verre. En exigeant des preuves scientifiques sur chacune des plantes, elle balaie d’un revers de main tout le savoir traditionnel.
Alors je fulmine lorsque je lis que « indépendance, transparence et ouverture sont les principes fondamentaux sur lesquels s’appuie l’Autorité » !  Je fulmine encore, lorsque je lis sur le site de l’EFSA en guise de présentation : « l’EFSA évalue les risques relatifs à la sécurité des aliments […]. Elle fournit des avis scientifiques indépendants ainsi qu’une communication claire sur les risques existants et émergents ». Est-ce que cette vision nous concerne nous les herboristes, les phytothérapeutes, les naturopathes, les personnes qui conseillent des plantes ?
Comment l’EFSA et ses experts scientifiques ont-t-ils pu s’autoproclamer spécialistes de l’herboristerie sans même consulter les acteurs de ce métier ?
L’ouverture, je suis pour ! Pour les bonnes avancées de la science également. Mais je suis contre son arrogance face à la tradition. Je constate qu’il ne reste que nous, les citoyens du peuple, qui sommes les garants du savoir populaire et traditionnel. A nous de nous faire entendre !
Jean-François ASTIER
« Ignorance et arrogance ne riment pas seulement, ils vont souvent de pair. »

1 commentaire:

  1. Je suis bien d'accord avec vous sur ce sujet... et je comprend votre "humeur". Battons-nous et sauvegardons ce que la nature et nos anciens nous ont laissé en patrimoine "Santé"

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