Question : qui dit plantes, dit santé ?
C’est bien, c’est même très bien d’utiliser les plantes qui
soignent... La phytothérapie c’est vrai,
permet dans bien des cas de retrouver la santé ou de la conserver… Mais rassurez-moi,
l’usage des plantes est bien un moyen ? Pas une finalité ? Pourtant,
je rencontre souvent des personnes, que ce soit des clients ou des lecteurs qui
sont tellement convaincus que les plantes sont la meilleure façon de se soigner
qu’ils en perdent de vue l’objectif de départ : être en bonne santé !
Encore récemment, lors d’une réponse que j’ai faite dans la
rubrique « de vous à moi », j’ai conseillé à une personne qui
souffrait de coliques néphrétiques d’arrêter immédiatement les infusions d’aubier
de tilleul qu’elle buvait. Que n’avais-je pas dit ! Rapidement, plusieurs
personnes m’ont demandées des explications. Et surtout on m’a accusé de
contredire mes confrères herboristes, qui conseillent justement l’aubier de
tilleul pour cela. Une personne m’a aussi reproché de « perturber les
patients avec un discours contradictoire ». Pire, elle m’a même confié
qu’elle prenait depuis 5 ans de l’aubier de tilleul sur les conseils d’un herboriste
pour des colites néphrétiques... répétitives. Alors je m’interroge : pourquoi
prendre une plante durant cinq années s’il n’y a pas de bénéfice ? Est-ce le
bon remède, est-ce la bonne méthode ?
Il y a 20 ans, lorsque j’ai commencé à conseiller des
plantes dont je connaissais les vertus essentiellement grâce aux livres, je me suis
vite aperçu qu’il me manquait l’autre partie d’un tout : la connaissance
du corps humain. Ensuite, il m’a fallu beaucoup de rencontres, face à des cas
de figure différents, pour forger mon expérience. Utiliser les plantes comme un
moyen d’être en bonne santé ne s’improvise pas. Connaitre leurs propriétés
c’est bien, mais cela ne suffit pas. La connaissance
n’est elle pas de mettre du sens à ce
qu’on connait (« connait »
+ « sens ») ?
Pour en revenir à l’aubier de tilleul, c’est vrai qu’on le
recommande souvent en cas de colites néphrétiques. Parce qu’il est un bon stimulant
de la fonction rénale. Mais quand il faut moduler celle-ci, il faut faire appel
à d’autres plantes. Une personne dont la fonction rénale a besoin d’être
soutenue ne peut répondre favorablement à une plante stimulante. C’est même le
contraire.
A chacun d’être vigilant, amateur ou professionnel, pour ne
pas s’arrêter au savoir livresque. Pour bien employer les plantes, connaitre
leurs vertus est important mais c’est la connaissance de la physiologie qui
permettra d’individualiser le conseil. Ensuite,
l’expérience fera le reste. C’est en grande partie pour cela qu’un projet qui
me tenait à cœur depuis bien longtemps a vu le jour en 2012 : une
formation de conseiller en herboristerie et en compléments alimentaires. Son
premier objectif est d’améliorer et de structurer le conseil au comptoir qui en
a tant besoin. Ce sont les mêmes raisons qui m’ont poussé à lancer les 13 et 14 avril prochain, le congrès
des herboristes qui permettra je l’espère d’échanger constructivement sur ce
vaste sujet. Le savoir n’est pas quelque chose de figé, il faut lui insuffler du
mouvement, lui donner du sens. Au delà des connaissances, faire infuser le
savoir… D’ailleurs à ce propos, connaissez-vous le comble pour un herboriste ?
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