jeudi 25 juillet 2013

Plantes & Santé n°138 - Septembre 2013



Les plantes… potion magique du village mondial

Qu’on se le dise, en quelques années la technique et les médias ont réduit notre planète à un village. Un village virtuel certes, mais il n’y a que dans un village que l’on peut communiquer d’un bout à l’autre instantanément. Et rien ne sert d’élever la voix, un petit mail suffit pour dire bonjour à son ami japonais ou américain… Le problème, c’est que l’on fait pareil avec les échanges matériels et que ça, ça coûte à la planète.
Les plantes médicinales n’échappent pas à ce phénomène. Avez-vous remarqué que depuis toujours, beaucoup pensent que plus une plante est exotique, plus elle est efficace ? Il est vrai que les climats tropicaux ou équatoriaux, sont propices à la croissance de plantes vigoureuses. Je pense surtout que c’est l’exotisme qui a toujours fasciné.  Mais pour se procurer des plantes qui viennent de l’autre bout de la planète, on alourdit le bilan carbone.
Depuis toujours les herboristes ont défendu les plantes autochtones pour des maux bien de chez nous. Les maladies n’étant pas les mêmes à Paris ou à New Delhi, ils disaient que  les espèces locales, qui bénéficient du même environnement que nous, sont plus adaptées à nos pathologies locales. Aujourd’hui, consommer local est dans l’ère du temps. Une nouvelle génération de « loco-consommateurs » est en route et c’est tant mieux pour limiter le dégagement de CO2 !
Mais il y a un os dans tout ça. Un os de taille qui s’appelle le stress mondial. Le monde a changé bien vite ces dernières décennies. Les échanges s’accélèrent, et le stress de la modernité a fait naitre de nouvelles maladies dites de civilisation. Ce sont en fait des maladies de désadaptation. Nos organismes saturent. Les champs électromagnétiques, la pollution atmosphérique, le stress médiatique, la malbouffe, on le sait, en sont la cause. On se retrouve donc devant un nouveau paradigme : nos plantes locales sont-elles adaptées devant ces maladies ?
Prenons l’exemple de l’intestin. Les herboristes connaissent bien l’inflammation intestinale. Ils y répondent par exemple avec une plante bien de chez nous : la fleur de mauve. Mais notre village mondial a fait naître la maladie de Crohn. Cette maladie auto-immune touche heureusement peu de personnes. Et face à elle, une solution majeure a été découverte : la griffe du chat, une plante qui malheureusement ne pousse qu’en forêt tropicale péruvienne. Qu’on soit chinois ou amérindien, malgache ou inuit, la griffe du chat convient pour tous. Cette  plante a pour vocation de soigner au-delà des frontières.  
Faisons un vœu : que l’UNESCO reconnaisse un jour ces plantes utiles à toute la planète comme appartenant au patrimoine mondial. Je verrais la griffe du chat en tête de liste. En fait, j’aimerais même faire un second rêve: voir établir une deuxième liste qui pourrait répertorier sur toute la planète les savoirs locaux ainsi que les plantes locales. Dans ce patrimoine local figurerait par exemple la mauve. Quelle belle avancée ce serait : protection de la biodiversité et en même temps, protection des savoirs…

Jean-François Astier

« …Au moment où l'on est capable de regarder la planète depuis l'espace, quel dommage de ne pas en profiter pour se rendre compte que notre communauté d'identité est probante et éclatante ! »

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