mardi 24 septembre 2013

Plantes & Santé n°139 - Octobre 2013

Un Nutella peut en cacher un autre, même deux

Le Nutella, vous connaissez n’est-ce pas ? Cette pâte à tartiner à laquelle une bonne partie de la population occidentale est accroc… Et bien figurez-vous qu’une autre société que Ferrero, celle qui commercialise ce produit, a trouvé bon d’y associer de l’huile de cannabis ! Voici ce que ça donne : une toute nouvelle fabrication débutée en août 2013 en Californie d’un produit nommé Nugtella… Il fallait oser tout de même !
« Nug » est un mot employé aux Etats Unis pour désigner une marijuana de très bonne qualité. Le nom du produit a été détourné cyniquement par la société Organicares basée dans cet Etat. Il est donc possible, si l’on est détenteur de la fameuse « carte de marijuana médicinale », d’acheter du Nugtella pour sa consommation. Cette carte est délivrée par tous les Etats ayant dépénalisé l’usage médicinal du cannabis. Mais il faut bénéficier en plus d’une prescription médicale. Dans quelque temps, il sera certainement possible de s’en procurer dans toutes les pharmacies des pays qui se trouvent dans les mêmes situations juridiques comme le Canada, l’Espagne, la Suisse, les Pays-Bas ou Israël.
Le cannabis est une plante puissante. Entre 2000 et 2007, plus de 9 000 articles scientifiques ont été publiés sur son action bénéfique sur le cancer, l’anorexie, la fibromyalgie ou le VIH. Les patients qui profitent de ses vertus en sont souvent très satisfaits et c’est tant mieux. Mais était-il utile de fabriquer un produit qui associe deux substances addictives ? Car le Nutella, telle une drogue, est addictif ! Ne serait-ce qu’à cause de la quantité éléphantesque de sucre qu’il contient, qui est à hauteur de 55%.
En ce qui concerne le cannabis, on m’a déjà demandé mon avis de spécialiste des plantes médicinales. J’ai souvent surpris tout le monde en disant que malgré sa puissance, elle me parait très peu intéressante tout en étant addictive. Lors de pathologies lourdes je reconnais son intérêt sur la douleur. Et là, son pouvoir addictif est à relativiser. Mais lors d’une consommation récréative, elle perturbe le système nerveux central. Je parle alors d’une plante « anadaptogène », par opposition au terme « adaptogène ». Au lieu d’aider l’organisme à s’adapter aux différents stress, elle fragilise, avec le temps, la personne qui en consomme. Les exemples de gens accros en sont le meilleur témoin.
Le Nugtella me pose deux problèmes. D’une part, associer deux produits addictifs me parait tout simplement aberrant, d’autant plus qu’on renforce l’idée que le Nutella peut être bon pour la santé. D’autre part, en consommer revient à se moquer complètement de notre planète. Le Nutella contient des quantités énormes d’une huile de palme dont la production est irrespectueuse de l’environnement.
Tout comme 0 + 0 = la tête à Toto, nous proposer une drogue désadaptante + une drogue dangereuse pour la planète, c’est vraiment cette fois-ci nous prendre pour des nuls-tella !

Jean-François Astier

" C'est malheureux de s'égarer, mais il y a pire que de perdre son chemin ... C'est de perdre sa raison d’avancer. " Nathan Scott

Plantes & Santé n°139 - Octobre 2013 


 

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