Un Nutella peut en cacher un autre, même deux
Le Nutella, vous connaissez n’est-ce pas ? Cette pâte à
tartiner à laquelle une bonne partie de la population occidentale est accroc…
Et bien figurez-vous qu’une autre société que Ferrero, celle qui commercialise
ce produit, a trouvé bon d’y associer de l’huile de cannabis ! Voici ce
que ça donne : une toute nouvelle fabrication débutée en août 2013 en
Californie d’un produit nommé Nugtella…
Il fallait oser tout de même !
« Nug » est un mot employé aux Etats Unis pour
désigner une marijuana de très bonne qualité. Le nom du produit a été détourné
cyniquement par la société Organicares basée dans cet Etat. Il est donc
possible, si l’on est détenteur de la fameuse « carte de marijuana
médicinale », d’acheter du Nugtella pour sa consommation. Cette carte est délivrée
par tous les Etats ayant dépénalisé l’usage médicinal du cannabis. Mais il faut
bénéficier en plus d’une prescription médicale. Dans quelque temps, il sera
certainement possible de s’en procurer dans toutes les pharmacies des pays qui
se trouvent dans les mêmes situations juridiques comme le Canada, l’Espagne, la
Suisse, les Pays-Bas ou Israël.
Le cannabis est une plante puissante. Entre 2000 et 2007,
plus de 9 000 articles scientifiques ont été publiés sur son action bénéfique sur
le cancer, l’anorexie, la fibromyalgie ou le VIH. Les patients qui profitent de
ses vertus en sont souvent très satisfaits et c’est tant mieux. Mais était-il
utile de fabriquer un produit qui associe deux substances addictives ? Car
le Nutella, telle une drogue, est addictif ! Ne serait-ce qu’à cause de la quantité
éléphantesque de sucre qu’il contient, qui est à hauteur de 55%.
En ce qui concerne le cannabis, on m’a déjà demandé mon avis
de spécialiste des plantes médicinales. J’ai souvent surpris tout le monde en
disant que malgré sa puissance, elle me parait très peu intéressante tout en
étant addictive. Lors de pathologies lourdes je reconnais son intérêt sur la
douleur. Et là, son pouvoir addictif est à relativiser. Mais lors d’une
consommation récréative, elle perturbe le système nerveux central. Je parle
alors d’une plante « anadaptogène », par opposition au terme « adaptogène ».
Au lieu d’aider l’organisme à s’adapter aux différents stress, elle fragilise,
avec le temps, la personne qui en consomme. Les exemples de gens accros en sont
le meilleur témoin.
Le Nugtella me pose deux problèmes. D’une part, associer deux
produits addictifs me parait tout simplement aberrant, d’autant plus qu’on renforce
l’idée que le Nutella peut être bon pour la santé. D’autre part, en consommer revient
à se moquer complètement de notre planète. Le Nutella contient des quantités énormes
d’une huile de palme dont la production est irrespectueuse de l’environnement.
Tout comme 0 + 0 = la tête à Toto, nous proposer une drogue
désadaptante + une drogue dangereuse pour la planète, c’est vraiment cette
fois-ci nous prendre pour des nuls-tella !
Jean-François Astier
" C'est malheureux de s'égarer, mais il y a pire que de
perdre son chemin ... C'est de perdre sa raison d’avancer. " Nathan Scott
Plantes & Santé n°139 - Octobre 2013
Plantes & Santé n°139 - Octobre 2013
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