Querelles intestines
S’il y a un secteur dans lequel la science du vivant a signé
de ses investigations ces dernières années, c’est dans le domaine du microcosme
intestinal. Le microcosme intestinal ? Voilà bien un nom barbare pour
désigner ce que Mr ou Mme Tout le Monde appelle « la flore
intestinale ». Parce qu’à vrai dire, cette fameuse flore n’a rien de
comparable avec le monde végétal, celui que justement on décrit dans des
flores…
Dans notre colon, se nichent jusqu’à dix fois plus de
cellules vivantes qu’il n’y en a dans tout notre corps. Ces cellules sont des
bactéries et leur taille est bien inférieure à celle de nos cellules. La
génétique a permis récemment de dresser une carte précise de ces bactéries,
tant des espèces que des souches. Et ô surprise, d’innombrables variations de
populations font que chacun de nous possède une « flore » qui lui est
propre.
Le plus drôle dans tout cela, c’est que nos chers
scientifiques « découvrent » qu’il y a un lien entre les populations
présentes et notre profil constitutionnel ou même psychologique. Ils découvrent
aussi un lien entre l’activité de ces bactéries et l’état de notre système
immunitaire… Pour en conclure que
l’intestin peut être source de maladies. Quelle découverte !
Si ces chercheurs prenaient le temps de sortir de leurs
labos, ils pourraient lire dans les ouvrages de naturopathie d’il y a presque
un siècle que l’intestin est le lit de toutes les maladies. Mais pensez
donc ! Tant que la science n’a pas inventé un protocole, et prouvé
statistiquement ce qu’elle avance, le bon sens populaire ou l’observation faite
par un praticien ne peut être mis à profit pour … soigner ! Parce que qui
dit soigner dit santé. Non pas soigner pour enlever une maladie, mais bien au
contraire pour maintenir une bonne santé et chasser des tendances morbides qui viennent
quand l’intestin se dérègle.
Nous
vivons une époque où l’alimentation va de pis en pis, et où les paramètres
environnementaux se dégradent globalement. Tous ces facteurs fragilisent la
santé intestinale. On sait d’autre part que le stress est aussi un grand
perturbateur de notre système entérique. Quel dommage que la démarche de notre médecine conventionnelle aille à
contre sens du respect de ce microbiote : vaccins, antibiotiques, et par
conséquent (et ce n’est qu’un exemple) des réponses inflammatoires…
La naturopathie a depuis bien longtemps pressenti ce qu’on
appelle aujourd’hui la fragilité de la barrière intestinale, mais elle a
construit un raisonnement autour de l’analyse de la personne. Chaque individu
est unique, avec son histoire, son passé, sa réalité du moment, et finalement,
sa flore intestinale qui lui est propre.
Notre science analytique a encore un bon bout de chemin à
faire avant de se rendre compte que la statistique, son outil favori, s’adresse
aux populations, alors que le bilan de santé pratiqué par le naturopathe est
une démarche qui touche l’individu seul et seulement. Mais que voulez-vous, derrière leur blouses blanches, ils protègent leurs tripes...
Jean-François Astier
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