mardi 8 octobre 2013

Alternatif Bien-être n°82 - Mai 2013



Querelles intestines


S’il y a un secteur dans lequel la science du vivant a signé de ses investigations ces dernières années, c’est dans le domaine du microcosme intestinal. Le microcosme intestinal ? Voilà bien un nom barbare pour désigner ce que Mr ou Mme Tout le Monde appelle « la flore intestinale ». Parce qu’à vrai dire, cette fameuse flore n’a rien de comparable avec le monde végétal, celui que justement on décrit dans des flores…

Dans notre colon, se nichent jusqu’à dix fois plus de cellules vivantes qu’il n’y en a dans tout notre corps. Ces cellules sont des bactéries et leur taille est bien inférieure à celle de nos cellules. La génétique a permis récemment de dresser une carte précise de ces bactéries, tant des espèces que des souches. Et ô surprise, d’innombrables variations de populations font que chacun de nous possède une « flore » qui lui est propre.

Le plus drôle dans tout cela, c’est que nos chers scientifiques « découvrent » qu’il y a un lien entre les populations présentes et notre profil constitutionnel ou même psychologique. Ils découvrent aussi un lien entre l’activité de ces bactéries et l’état de notre système immunitaire… Pour  en conclure que l’intestin peut être source de maladies. Quelle découverte !

Si ces chercheurs prenaient le temps de sortir de leurs labos, ils pourraient lire dans les ouvrages de naturopathie d’il y a presque un siècle que l’intestin est le lit de toutes les maladies. Mais pensez donc ! Tant que la science n’a pas inventé un protocole, et prouvé statistiquement ce qu’elle avance, le bon sens populaire ou l’observation faite par un praticien ne peut être mis à profit pour … soigner ! Parce que qui dit soigner dit santé. Non pas soigner pour enlever une maladie, mais bien au contraire pour maintenir une bonne santé et chasser des tendances morbides qui viennent quand l’intestin se dérègle.

Nous vivons une époque où l’alimentation va de pis en pis, et où les paramètres environnementaux se dégradent globalement. Tous ces facteurs fragilisent la santé intestinale. On sait d’autre part que le stress est aussi un grand perturbateur de notre système entérique. Quel dommage que la démarche  de notre médecine conventionnelle aille à contre sens du respect de ce microbiote : vaccins, antibiotiques, et par conséquent (et ce n’est qu’un exemple) des réponses inflammatoires…

La naturopathie a depuis bien longtemps pressenti ce qu’on appelle aujourd’hui la fragilité de la barrière intestinale, mais elle a construit un raisonnement autour de l’analyse de la personne. Chaque individu est unique, avec son histoire, son passé, sa réalité du moment, et finalement, sa flore intestinale qui lui est propre.

Notre science analytique a encore un bon bout de chemin à faire avant de se rendre compte que la statistique, son outil favori, s’adresse aux populations, alors que le bilan de santé pratiqué par le naturopathe est une démarche qui touche l’individu seul et seulement. Mais que voulez-vous, derrière leur blouses blanches, ils protègent leurs tripes... 

Jean-François Astier

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire