mercredi 9 octobre 2013

Alternatif Bien-être n°85 - Septembre 2013



Non merci, j’ai déjà donné !


Si je cherche sur Internet des chiffres sur l’inflammation et les maladies qui en découlent, je tombe en premier sur des liens publicitaires qui nous disent en clair : « donnez-nous des sous pour chercher des remèdes contre les maladies inflammatoires »… Chercher, chercher ? Mais chercher quoi ? Parce que s’ils cherchent des solutions, la tradition en regorge ! Pourtant, les scientifiques n’en n’ont cure et leur démarche est : un problème = une solution… et la plus radicale possible !

Bien sûr, une personne qui souffre aujourd’hui d’inflammation pourrait vous dire combien elle bénit les molécules de synthèse que lui offre la chimie. Ces traitements, d’une puissance sans précédent, ont su faire la réputation de la médecine moderne. Reconnaissons-le. L’inflammation est-elle uniquement le sort de l’humain ? Non, car le monde animal est largement touché lui aussi. Surtout chez nos animaux domestiques qui suivent de près notre mode de vie. Le phénomène inflammatoire est en fait la phase initiale de réparation d’une zone du corps. Il fait le ménage pour assainir les tissus et pour favoriser l’affluence de molécules réparatrices. Lorsque l’inflammation devient chronique, c’est que l’organisme n’arrive plus à réagir suffisamment face aux agressions qui se multiplient.

Au cours des siècles précédents, l’inflammation était plus souvent aigue que chronique. Il y a 2000 ans déjà, Celsus, un médecin de l’Antiquité la décrivait en ces termes : calor, rubor, tumor, dolor : chaleur, rougeur, gonflement puis douleur. En 1858, Virchow a rajouté functio laesa qui signifie impotence fonctionnelle ou fonction lésée. On commençait donc à voir que l’inflammation devenait chronique… D’après les récentes études de SL. Prescot1, cette nouvelle chronicité est une réponse aux modifications de notre environnement qui ont eu lieu depuis l’ère industrielle. La sédentarité, la consommation d’aliments transformés, raffinés et les pollutions engendrent de l’inflammation directement ou indirectement. Elle est le lit de maladies nouvelles tel que l’obésité, les maladies cardiovasculaires, les maladies immunitaires, certains troubles de l’humeur, les cancers ou les manifestations liées à l’usure comme l’arthrose.

On aurait pu prendre les médecins et les scientifiques pour des humanistes. Mais lorsqu’on constate les méfaits des molécules antiinflammatoires, on a de quoi être déçu de ceux qui veulent « trop de bien » pour leurs semblables.

En médecine naturelle, on connaît les plantes qui sont anti-inflammatoires. La plus connue, l’harpagophytum, est l’une des plus efficaces. Mais on peut dire qu’il supprime « uniquement » la douleur (ce qui est déjà ça). Il n’est pourtant pas une solution pour éliminer la cause de l’inflammation (voir l’article « ce qu’on ne vous dit pas sur l’Harpagophytum » dans le numéro de mai).

Vouloir faire disparaitre le message inflammatoire en apportant seulement du confort comme on le fait aujourd’hui, c’est courir le risque de recevoir un nouveau message : celui de maladies nouvelles comme l’a démontré SL. Prescot dans son étude.

Et si on changeait le regard que l’on porte à l’inflammation et la douleur qui y est liée ? Toutes les deux ont d’abord un rôle informatif. C’est notre corps qui nous dit : « écoute-moi, j’ai un problème là… Occupes-toi de moi ! ».

Le règne végétal, lui, est épargné par l’inflammation. Et j’en suis sûr, c’est là que se trouve la véritable solution… celle qui dure et qui ne crée pas d’autres problèmes par la suite.

Mon propos n’est pas de simplement dire que les plantes sont meilleures que les médicaments. Il est temps d’avoir une approche posée du vrai problème. Celui du terrain qui se modifie face à l’environnement dans lequel nous vivons. Drainer les tissus et le sang, soutenir la fonction surrénalienne pour améliorer sa réponse antiinflammatoire naturellement, voilà de vraies réponses ! Quand le problème est là, c’est à chacun d’y réfléchir en conscience pour ne pas se laisser prendre à la réponse facile d’un antiinflammatoire… Personnellement, je ne donnerai pas d’argent aux chercheurs si c’est pour qu’ils nous trouvent de nouvelles molécules pour encore plus de confort… J’ai déjà donné !

Jean-François Astier
1-      1. SL. Prescott, « Early-life environmental determinants of allergic diseases and the wider pandemic of inflammatory noncommunicable diseases. », J Allergy Clin Immunol, vol. 131, no 1, janvier 2013, p. 23-30
 

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