mercredi 9 octobre 2013

Alternatif Bien-être n°86 - Octobre 2013



Ne dites plus à vos enfants de finir leur assiette !

Quelques mots prononcés trop régulièrement à nos enfants ont parfois des conséquences dramatiques ...
 
« Finis ton assiette ! Pense donc aux enfants qui meurent de faim dans le monde… ». Voici des phrases que beaucoup de parents martèlent à leurs chérubins. Quelle culpabilité pour un petit d’entendre cela ! Et dire que cette attitude fait des millions de malades… malades de trop manger. Les travers de notre éducation judéo-chrétienne y seraient-ils pour quelque chose ? Pas de jugement hâtif ! Mais les Etats Unis, aux principes moraux bien établis, ne sont-ils pas le premiers pays de l’obésité ?

C’est bien souvent dans l’enfance que tout se joue. Une étude1 menée à l'université de Penn State en 1987 montrait une chose intéressante : si l'on demandait à des enfants de se concentrer sur la nourriture présente dans leur assiette, ces derniers mangeaient davantage de nourriture que ceux à qui l’on proposait de se focaliser sur leur sensation de faim. Dans une autre étude plus récente2, on démontrait que le souvenir des règles alimentaires transmises par les parents, avec par exemple le bien connu « finis ton assiette », étaient beaucoup plus présents chez les adultes obèses que les non-obèses. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut aucune règle à table, mais que les règles culpabilisantes provoquent des déséquilibres. Il en va de même avec les « privé de dessert si tu ne manges pas tes légumes » ou les « mange ta viande pour être fort » qui ne sont autres que des menaces ou des récompenses faciles à jeter entre deux bouchées.

Pourtant, si l’on écarte toutes les idées fausses transmises par les pro-OGM et autres flippés du même genre, on s’aperçoit que la nature est généreuse et la nourriture abondante. Le problème de la faim dans le monde est, par certains côtés, un bouc émissaire, nous le savons tous ! Nous oublions trop souvent que notre monde est un monde fermé dans lequel tout retourne d’où il vient. Un aliment qui n’est pas consommé n’est pas un aliment perdu. Il suffit de le mettre au compost pour qu’il enrichisse le sol et serve à la croissance des prochains légumes du jardin. Bien évidemment, c’est souvent sur le plan énergétique que les critiques fusent. La cuisson, le transport ont effectivement coûté en énergie. Mais ces dépenses seront-elles aussi importantes que celles liées aux maladies de la « surbouffe » ? Pas sûr ! Et puis nous n’avons qu’à faire preuve d’imagination pour réutiliser les « restes » qui peuvent être revalorisés dans les plats suivants.

Pour ma part, je préfère faire confiance aux enfants qui connaissent leurs vrais appétits. Ils sont capables non seulement de réguler leurs besoins énergétiques, mais l’assimilation de ce qu’ils consomment est aussi bien meilleure que celle des adultes. Ainsi, ils peuvent très bien ressentir que leur corps réclame une céréale au repas de midi et des protéines le soir. Aucun risque de carence pour autant ! L’association des deux n’étant pas indispensable au même repas.

C’est souvent la peur, celle qui nous vient des guerres précédentes, qui nous incite à gaver nos enfants. En ces périodes, les manques étaient fréquents et les carences également. Mais aujourd’hui, il est aberrant de faire manger de la viande ou des laitages animaux à un enfant qui n’en a pas envie. Car sinon, on est sûr de creuser le lit des futures maladies. Ce ne sont pas les carences qui tuent le plus aujourd’hui mais les surcharges alimentaires présentes à tous les âges de la vie. D’après une autre étude sur des personnes âgées de plus de 70 ans, on a pu démontrer que plus la quantité de calories consommée quotidiennement était élevée, plus le risque de déficience cognitive légère était important3. La frugalité est donc de mise si l’on souhaite préserver sa santé.

En alimentation, les meilleures règles à adopter sont certainement celles du bon sens et du ressenti. Des outils que nos enfants possèdent naturellement, tout naturellement... 
Jean-François Astier

1 « Clean up your plate »: Effects of child feeding practices on the conditioning of meal size. Department of Human Development and Family Ecology, University of Illinois at Urbana-Champaign USA


2 Childhood memories about food: the Successful Dieters Project. J Child Adolesc Psychiatr Nurs. 1999 Jan-Mar;12(1):17-25.


3 American Academy of Neurology Overeating May Double Risk of Memory Loss - 13/03/2012

2 commentaires:

  1. Cette théorie est très cohérente mais je ne pense pas que ce soit aussi simple. J'ai pour exemple des petits neveux et nièces, en bas âge, qui si on les laisse faire, ne mangeraient que des féculents, de la viande, des produits laitiers et des produits très sucrés et chocolatés (et ce à se rendre malade). Ils ont pourtant tous des éducations très différentes (en terme d'alimentation). Et c'est un combat pour leur faire manger des fruits et des légumes.Où est la faim là-dedans?Quand un enfant ne mange pas ses légumes mais est capable de dévorer 3 danettes au chocolat en dessert, je serais d'avis de lui dire "fini ton assiette sinon pas de dessert"...

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  2. Je comprends bien ce que vous voulez dire, c’est ce que la plupart des parents vivent au quotidien. Mais croyez-vous que vos neveux et nièces se jetteraient sur la crème dessert s’il n’y en avait pas dans le frigo ? Il existe de nombreuses recettes à base de légumes, très attractives pour les enfants. Je vous recommande notamment le livre « recettes bio pour mes enfants » de Anne Bruner qui regorge d’idées particulièrement créatives. Vous pourrez étonner en étonner plus d’un sans paraitre rabat-joie !

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