Perdu herboristerie…
…forte récompense.
Y’a-t-il une différence entre une herboristerie et un laboratoire
pharmaceutique qui fabrique des médicaments à base de plante ? Eh bien la
réponse est non ! En tous cas pour l’entreprise Belge Tilman…
Le 8 octobre dernier, lors du journal télévisé de la chaîne RTL
info Belgique, j’ai pu entendre : « comment une ancienne herboristerie artisanale a été élue entreprise de
l'année ». Les plantes médicinales sont le point commun évident entre l’herboristerie
familiale Tilman créée en 1947, et le laboratoire pharmaceutique qu’elle est
devenue. J’ai cru comprendre que Mr Tilman n’est plus herboriste aujourd’hui.
Que s’est-il passé ? Où est passé l’herboriste ?
Bien sûr, nous ne pouvons que féliciter le laboratoire Tilman
pour son prix. La sélection se basait sur des critères respectables : perspectives
de développement, ancrage familial, valeurs éthiques, développement
international et priorités accordées au développement durable. Effectivement, la
croissance de cette société et de 15% par an en moyenne depuis 20 ans. Son pôle
innovation dépose deux dossiers par an à la Direction Générale du Médicament
(DGM) pour une AMM (autorisation de mise sur le marché) ce qui est un record
pour un fabricant de médicaments à base de plantes. Mais quand je vois d’où est
parti Lucien Tilman le fondateur de cette herboristerie dans les Ardennes
belges, apparemment amoureux du métier d’herboriste, je ne peux m’empêcher de
me demander où est passé son savoir-faire ? Parle t’on toujours du même
métier ?
Les connaissances inhérentes au métier d’herboriste s’appuient
d’abord sur le savoir traditionnel. Le conseil est individualisé et lorsque
cela était encore possible, le client pouvait repartir avec le mélange de
plantes qui lui correspondait. Le laboratoire Tilman a transformé les
connaissances et le savoir-faire de l’herboristerie en connaissance de la
phytothérapie et en savoir-faire pharmaceutique. Très bien ! Mais n’avons-nous
pas raté une étape ? N’a-t-on pas perdu une dimension humaine et
surtout traditionnelle ?
Bien sûr je cautionne le fait que les médicaments à base de
plantes existent et qu’ils puissent être prescrits par les médecins. Mais au
détriment de la tradition qui nous a transmis tout un pan de ce savoir ?
Ne jetons pas la pierre à cette entreprise méritante mais je
me permets tout de même de faire une remarque : Tilman soutient l’Action
Damien qui aide les victimes de la lèpre et de la tuberculose. C’est très louable
évidemment. Peu d’entreprises peuvent afficher un tel engagement. Mais ne
pourraient-ils pas soutenir aussi d’autres victimes de la société d’aujourd’hui ?
Oui, je veux parler des herboristes eux-mêmes. Ils existent encore et ils détiennent
toujours une connaissance de cette tradition millénaire. Au grand bonheur de
leurs clients privilégiés, qui profitent encore de conseils de santé avisés et
individualisés…
A quand la fondation Tilman pour l’herboristerie ?
Jean-François Astier
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