mercredi 4 décembre 2013

Plantes & Santé n° 140 - Novembre 2013



                                Perdu herboristerie…
…forte récompense.


Y’a-t-il une différence entre une herboristerie et un laboratoire pharmaceutique qui fabrique des médicaments à base de plante ? Eh bien la réponse est non ! En tous cas pour l’entreprise Belge Tilman…

Le 8 octobre dernier, lors du journal télévisé de la chaîne RTL info Belgique, j’ai pu entendre : « comment une ancienne herboristerie artisanale a été élue entreprise de l'année ». Les plantes médicinales sont le point commun évident entre l’herboristerie familiale Tilman créée en 1947, et le laboratoire pharmaceutique qu’elle est devenue. J’ai cru comprendre que Mr Tilman n’est plus herboriste aujourd’hui. Que s’est-il passé ? Où est passé l’herboriste ?
Bien sûr, nous ne pouvons que féliciter le laboratoire Tilman pour son prix. La sélection se basait sur des critères respectables : perspectives de développement, ancrage familial, valeurs éthiques, développement international et priorités accordées au développement durable. Effectivement, la croissance de cette société et de 15% par an en moyenne depuis 20 ans. Son pôle innovation dépose deux dossiers par an à la Direction Générale du Médicament (DGM) pour une AMM (autorisation de mise sur le marché) ce qui est un record pour un fabricant de médicaments à base de plantes. Mais quand je vois d’où est parti Lucien Tilman le fondateur de cette herboristerie dans les Ardennes belges, apparemment amoureux du métier d’herboriste, je ne peux m’empêcher de me demander où est passé son savoir-faire ? Parle t’on toujours du même métier ?
Les connaissances inhérentes au métier d’herboriste s’appuient d’abord sur le savoir traditionnel. Le conseil est individualisé et lorsque cela était encore possible, le client pouvait repartir avec le mélange de plantes qui lui correspondait. Le laboratoire Tilman a transformé les connaissances et le savoir-faire de l’herboristerie en connaissance de la phytothérapie et en savoir-faire pharmaceutique. Très bien ! Mais n’avons-nous pas raté une étape ? N’a-t-on pas perdu une dimension humaine et surtout traditionnelle ?
Bien sûr je cautionne le fait que les médicaments à base de plantes existent et qu’ils puissent être prescrits par les médecins. Mais au détriment de la tradition qui nous a transmis tout un pan de ce savoir ?
Ne jetons pas la pierre à cette entreprise méritante mais je me permets tout de même de faire une remarque : Tilman soutient l’Action Damien qui aide les victimes de la lèpre et de la tuberculose. C’est très louable évidemment. Peu d’entreprises peuvent afficher un tel engagement. Mais ne pourraient-ils pas soutenir aussi d’autres victimes de la société d’aujourd’hui ? Oui, je veux parler des herboristes eux-mêmes. Ils existent encore et ils détiennent toujours une connaissance de cette tradition millénaire. Au grand bonheur de leurs clients privilégiés, qui profitent encore de conseils de santé avisés et individualisés…
A quand la fondation Tilman pour l’herboristerie ?

Jean-François Astier

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