jeudi 23 janvier 2014

Alternatif Bien-être n°89 - Février 2014




Un antibio peut en cacher un autre 



Après-guerre, l’emploi généralisé des antibiotiques fut une énorme révolution. Mais en misant tout sur ces nouvelles molécules, le monde médical a mis de côté l’emploi traditionnel de bien des plantes, de bien des recettes de grands-mères. Et aussi un produit en or : l’argent colloïdal. Depuis quelques années, on entend à nouveau parler de ce métal pour ses vertus antibiotiques. Que faut-il en penser ?





Comme un pavé dans la mare des médecines naturelles, dès le 1er janvier 2010, l’Europe a interdit l’usage interne d’argent colloïdal alors que ses vertus ont de quoi faire rêver : il détruit purement et simplement les virus, les champignons et les bactéries. Rien de moins ! Dans les années 1980, Larry Ford de l'École de médecine de l'UCLA a démontré que l’argent pouvait éradiquer plus de 650 pathogènes différents. Et tout ceci en quelques minutes seulement. Mais qu’est-ce donc que l’argent colloïdal ? C’est tout simplement de l’eau, la plus pure possible, avec une suspension bien définie de nanoparticules d’argent. Les fabricants, qui l’obtiennent par électrolyse, prétendent que sous cette forme, l’utilisation est sans danger pour l’homme.



Aujourd’hui, la production mondiale est colossale. En 2008, environ 500 tonnes de nano-argent aurait été produit dans le monde. De nombreux produits (frigos, emballages alimentaires, chaussettes anti-odeur, préservatifs, pulvérisateurs pour les rampes des transports publics à Hong-Kong ne sont ici que quelques exemples) en contiennent. Alors pourquoi l’Europe en a-t-elle interdit l’usage ? C’est que cette grande dame, à qui on donnerait d’entrée notre bénédiction, a évoqué l’absence de preuve de non toxicité… Tout comme elle, on est en droit de se poser la question : l’argent est-il si naturel que ça, si réellement dépourvu d’effets secondaires ? Si ses propriétés sont unanimement reconnues, sa toxicité à l’inverse est une vraie nébuleuse : l'argent a été classé en 1977 dans la liste des substances polluantes dont les rejets dans l’environnement doivent être prioritairement régulés. Si l’on écoute André Picot, toxico-chimiste on a des éléments pour bien réfléchir : « sous sa forme ionique (Ag+) et à l’état de nanoparticules (Ag°), ce serait le métal le plus toxique après le Mercure pour la faune et la flore aquatiques, marines en particulier ».



Rappelons-nous : après-guerre, on a cru pouvoir tout régler avec les antibiotiques et on est bien forcé de constater aujourd’hui qu’ils ont leurs limites. Ils ont engendré d’un côté le phénomène de résistance bactérienne mais, plus grave, on découvre de jour en jour leur nocivité sur l’eau de la planète entière. Imaginez si nous avions tout misé sur l’argent à la même époque. A quelle catastrophe écologique aurions-nous à faire face aujourd’hui ?

Pour ma part, je trouve que cette entrave européenne a le mérite d’ouvrir le débat. On nous dit qu’il faut garder les antibiotiques dans les situations graves ou d’urgence qui l’exigent. D’accord, mais pourquoi ne pas faire de même avec l’argent ? Quel intérêt d’en saupoudrer nos chaussettes et de le pulvériser dans le métro ? Peut-être que dans bien des années, par nécessité environnementale, nous réserverons ces deux arsenaux thérapeutiques pour les cas extrêmes. Qu’attendons-nous ?



On sait que l’argent colloïdal rend de grands services pour certaines maladies difficiles à traiter. Pour les plaies des grands brûlés, il est exceptionnel et sans équivalent. Un autre exemple flagrant est dans le cas de la maladie de Lyme. Elle est provoquée par des bactéries de type Borrelia transmises par les tiques. La gravité de cette maladie n’est pas reconnue car elle passe bien souvent inaperçue à travers les analyses. Pour les personnes qui souffrent de cette pathologie, l’argent colloïdal est d’un grand secours, et on sait, grâce à de nombreuses années d’usage que ce métal, employé à bon escient, n’est pas toxique chez l’homme.



Alors arrêtons-le comme démaquillant ou comme simple pschitt-pschitt à tout faire ! En ce qui me concerne, je préfère continuer à faire d’abord confiance aux substances végétales : je préfèrerais des chaussettes parfumées à la lavande et la rhodiola recommandée en primo-intention par les instances européennes. Et vous, vous en pensez quoi ?



Jean-François Astier

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