Un antibio
peut en cacher un autre
Après-guerre, l’emploi
généralisé des antibiotiques fut une énorme révolution. Mais en misant tout sur
ces nouvelles molécules, le monde médical a mis de côté l’emploi traditionnel
de bien des plantes, de bien des recettes de grands-mères. Et aussi un produit
en or : l’argent colloïdal. Depuis
quelques années, on entend à nouveau parler de ce métal pour ses vertus
antibiotiques. Que faut-il en penser ?
Comme un pavé dans la mare des médecines naturelles,
dès le 1er janvier 2010, l’Europe a interdit l’usage interne d’argent
colloïdal alors que ses vertus ont de quoi faire rêver : il détruit purement
et simplement les virus, les champignons et les bactéries. Rien de moins !
Dans les années 1980, Larry Ford de l'École de médecine de l'UCLA a démontré
que l’argent pouvait éradiquer plus de 650 pathogènes différents. Et tout ceci
en quelques minutes seulement. Mais qu’est-ce donc que l’argent
colloïdal ? C’est tout simplement de l’eau, la plus pure possible, avec une
suspension bien définie de nanoparticules d’argent. Les
fabricants, qui l’obtiennent par électrolyse, prétendent que sous cette forme,
l’utilisation est sans danger pour l’homme.
Aujourd’hui, la production mondiale est colossale.
En 2008, environ 500 tonnes de nano-argent aurait été produit dans le monde. De
nombreux produits (frigos, emballages alimentaires, chaussettes anti-odeur,
préservatifs, pulvérisateurs pour les rampes des transports publics à Hong-Kong
ne sont ici que quelques exemples) en contiennent. Alors pourquoi l’Europe en
a-t-elle interdit l’usage ? C’est que cette grande dame, à qui on
donnerait d’entrée notre bénédiction, a évoqué l’absence de preuve de non
toxicité… Tout comme elle, on est en droit de se poser la question :
l’argent est-il si naturel que ça, si réellement dépourvu d’effets
secondaires ? Si ses propriétés sont unanimement reconnues, sa toxicité à
l’inverse est une vraie nébuleuse : l'argent a été classé en 1977 dans la
liste des substances polluantes dont les rejets dans l’environnement doivent
être prioritairement régulés. Si l’on écoute André Picot,
toxico-chimiste on a des éléments pour bien réfléchir : « sous sa forme ionique (Ag+) et à l’état de
nanoparticules (Ag°), ce serait le métal le plus toxique après le Mercure pour
la faune et la flore aquatiques, marines en particulier ».
Rappelons-nous : après-guerre, on a cru pouvoir
tout régler avec les antibiotiques et on est bien forcé de constater
aujourd’hui qu’ils ont leurs limites. Ils ont engendré d’un côté le phénomène
de résistance bactérienne mais, plus grave, on découvre de jour en jour leur nocivité
sur l’eau de la planète entière. Imaginez si nous avions tout misé sur l’argent
à la même époque. A quelle catastrophe écologique aurions-nous à faire
face aujourd’hui ?
Pour ma part, je trouve que cette entrave européenne
a le mérite d’ouvrir le débat. On nous dit qu’il faut garder les antibiotiques
dans les situations graves ou d’urgence qui l’exigent. D’accord, mais pourquoi
ne pas faire de même avec l’argent ? Quel intérêt d’en saupoudrer nos
chaussettes et de le pulvériser dans le métro ? Peut-être que dans bien
des années, par nécessité environnementale, nous réserverons ces deux arsenaux
thérapeutiques pour les cas extrêmes. Qu’attendons-nous ?
On sait que l’argent colloïdal rend de grands
services pour certaines maladies difficiles à traiter. Pour les plaies des
grands brûlés, il est exceptionnel et sans équivalent. Un autre exemple
flagrant est dans le cas de la maladie de Lyme. Elle est provoquée par des bactéries
de type Borrelia transmises par les
tiques. La gravité de cette maladie n’est pas reconnue car elle passe bien
souvent inaperçue à travers les analyses. Pour les personnes qui souffrent de
cette pathologie, l’argent colloïdal est d’un grand secours, et on sait, grâce
à de nombreuses années d’usage que ce métal, employé à bon escient, n’est pas
toxique chez l’homme.
Alors arrêtons-le comme démaquillant ou comme simple
pschitt-pschitt à tout faire ! En ce qui me concerne, je préfère continuer
à faire d’abord confiance aux substances végétales : je préfèrerais des
chaussettes parfumées à la lavande et la rhodiola recommandée en
primo-intention par les instances européennes. Et vous, vous en pensez
quoi ?
Jean-François Astier
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