Poudre de momie et autres extraits de patate
Il n’y a pas si longtemps, il existait des
remèdes tout à fait sérieux qui nous font
bien sourire aujourd’hui. Mais dans le futur, quel regard
porteront nos descendants sur les découvertes actuelles en micronutrition
?
Une formidable découverte : l’extrait de pomme de terre…
Voici la dernière trouvaille d’une équipe
de chercheurs : un extrait de pomme de terre pourrait limiter la prise de
poids. Du moins pour l’instant, seulement chez les souris.
Cette étude, rapportée par la revue scientifique Molecular
Nutrition & Food Research, a été
menée sur des souris rendues obèses. Le professeur
Luis Agellon, auteur de l’étude, s’avoue très
étonné de ces résultats et affirme,
je cite : que « l’extrait de pomme de terre […]
pourrait devenir une solution pour prévenir l’obésité,
mais aussi le diabète de type 2 ». Vous y
croyez, vous?
C’est à
se demander d’où
tombe le financement pour ce genre de recherche ! Voici les résultats
de cette étude, si jamais vous avez l’intention d’essayer…
Pour l’expérimentation, nos chercheurs ont dû
bien évidemment engraisser les souris. Durant 10 semaines ils leur
donnèrent donc un régime digne du meilleur fastfood, c’est
à dire très riche en gras et
en sucre. Les souris pesant au départ 25 gr en moyenne prirent 16 gr de
plus. Mais attendez… celles qui avaient consommé,
en plus de leur régime, un extrait de pomme de terre ont
pris seulement 7 gr. Une révolution n’est-ce pas ?
Et pourquoi pas de la poudre de momie ?
Dans les livres anciens, on trouve toute sorte de remède
qui soit nous dégoûtent au plus haut
point, soit nous font exploser de rire. Par exemple, le rat pendu vif qui,
appliqué sur les épines, les pointes
de flèches ou les piqures venimeuses, est salvateur. Réduit
en cendre ce même pauvre rat pouvait également empêcher
le « pissement involontaire »
de la nuit* disait-on. Vous souffrez de votre calvitie ? Rien de tel que
des têtes de souris calcinées, mêlées
avec du miel. Il suffit d’enduire les parties dégarnies
pour faire revenir le poil*. Des volontaires ? Comment, vous ne connaissez
point l’huile de jeunes chiots à
base de vers de terre, de vin et d’huile qui pouvaient
guérir les blessures par balles ? Ni la poudre de crâne
desséché, la poudre de momie ou la liqueur de cerveau
humain qui sont autant de remède radicaux contre l’épilepsie** ?
La science oui, mais…
Nous vivons dans un monde où
il est facile de se perdre. Quel que soit le domaine, on ne sait plus
qui tire les ficelles. Lorsque quelqu’un commandite une recherche, il est
facile de lui faire avoir des résultats en faveur d’un
marché juteux qui engraisse les actionnaires.
Et je suis prêt à parier que ces obèses
de l’argent ne sont pas prêts de se faire
avoir par un extrait de pomme de terre pour gérer leur surpoids.
L’objectif de ces recherches est le brevetage de nouvelles molécules,
au profit de l’industrie montante de la micronutrition. Celle qui emboite
le pas à la pharmacie. Le tout chimique n’inspire
plus confiance alors on cherche du naturel…
Mais de quel naturel parlons-nous ? De nouveaux nutriments sont débusqués
sans cesse avec leurs promesses, mais combien sur le lot sont vraiment valables
? Combien traverserons le temps comme l’a fait la phytothérapie
et sa tradition ?
Un seul recours : le boycott
Nos traditions ont quasiment disparues à
ce jour sous la pression de l’industrie du médicament.Nos dernières ressources, les
plantes libérées du monopole pharmaceutique, souvent
vendues sous la forme de compléments alimentaires, sont menacées
par ce nouvel Eldorado qu’est la micronutrition rénovée.
Pour qu’il ne soit pas le coup de grâce pour la phytothérapie,
il faut boycotter ce genre de trouvailles ridicules. Le rire est notre première
arme ! La seconde est le boycott. Le boycott par la pensée et par la
consommation. C’est la seule manière
de les rendre non viable. Passe le message à
ton voisin.
Jean-François Astier
* Suzanne Foinard,
Merveilleuse Vertus des Plantes. Editions Sainte Rita.
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