Ne ratez pas votre printemps !
Si vous êtes de ceux qui disent : « encore un
printemps de plus ! », peut être vous faut-il regarder le printemps autrement.
Cette saison a beaucoup à nous apporter. Le mythe de Perséphone est là pour
nous le rappeler…
Quand Perséphone quitte le royaume des ombres…
Perséphone, la fille de Zeus et de Déméter, était d’une
beauté exquise. Pour la protéger, sa mère l’avait élevé en secret en Sicile.
Mais lorsque Hadès, le dieu des enfers, l’aperçut, il décida qu’elle serait la
reine de son royaume. Un jour, Hadès, surgit de terre avec un char tiré par de
magnifiques chevaux à la robe bleu nuit, et enleva Perséphone alors qu’elle
cueillait des narcisses dans une plaine de Sicile. Sa mère Déméter chercha alors
sa fille durant neuf jours et neuf nuits. Mais Déméter était la déesse des
saisons et des moissons. En cherchant sa fille, elle cessa de faire fructifier
la terre ce qui provoqua une terrible famine dans le monde des humains. Zeus,
se rendant compte du péril qui menaçait les hommes demanda à Hadès de rendre
Perséphone à sa mère. Il envoya Hermès la chercher. Avant le départ de sa reine,
Hadès lui avait offert une grenade. Elle en mangea quelques graines, ne sachant
pas que ce geste la rendait prisonnière éternelle des enfers. Zeus s’entendit
avec Hadès pour que Perséphone passât seulement l’hiver aux enfers et le reste
de l’année avec sa mère. Chaque année, lorsque Perséphone rejoint sa mère, la
nature renait, et lorsqu’elle rejoint Hadès, elle se rendort.
Perséphone, le printemps et nous
Vous l’avez compris, la remontée de Perséphone du royaume
sous terrain correspond au printemps. Elle symbolise le rythme des saisons et
des plantes. Comme les graines, elle est ensevelie sous terre durant l’automne
et l’hiver. Pour réapparaître encore
plus splendide au retour du printemps. Le mythe du Perséphone et la métaphore
des graines de grenades sont pour nous une leçon de vie. Comme Perséphone l’a
fait, nous devons accepter la notion de cycle.
Les plantes nous montrent que le printemps et l’automne sont
des énergies successives d’expansion et de contraction : germination et
croissance au printemps, maturation puis compression à l’automne. Perséphone
monte et descend, la nature s’endort et se réveille. Ce cycle est partout et
s’impose à nous aussi.
Dans nos cultures modernes, cette dimension symbolique du
printemps est souvent occultée. Nous oublions que cette saison est la charnière
de l’année, et pas seulement parce qu’elle invite à la flânerie, à la séduction
et à l’exercice. Comme Perséphone, nous sortons de l’ombre pour passer à la
lumière. Nos organismes, tout comme ceux des plantes, vont vivre une profonde
métamorphose. Qui prend encore le temps de respecter ce changement de rythme
pour qu’il soit une vraie renaissance et pas seulement « un printemps de
plus » ?
Le printemps et sa double facette
Perséphone était d’une grande beauté, mais elle était aussi
malgré elle, la reine des enfers (son nom est composé de Persis, le saccage, et de Phônos,
le meurtre). Cette double personnalité doit nous mettre en garde car elle nous
rappelle que le printemps porte également en lui l’agressivité et la sève
bouillonnante. C’est une période paroxystique où toute l’énergie accumulée
durant l’hiver se répand.
Cette légende grecque livre un message que nous devons
méditer : le printemps est un élan qu’il faut accepter, accompagner et
intégrer.
Pour bien réussir son printemps, nous devons y penser avant,
pendant et après et vivre chaque saisons en conscience. On peut comparer ce cycle
avec les gestes d’un archer. L’hiver est une période de régénération
intérieure. C’est une force qui monte qui nous prépare à l’élan du printemps.
L’archer bande son arc. Le printemps est le moment de tous les possibles où
nous devons viser juste en utilisant à bon escient cette énergie accumulée en
hiver. L’archer tire sa flèche. L’été est le moment du lâcher-prise, un moment
de plaisir où l’on ferme les yeux en appréciant et attendant les fruits de nos
actions. L’archer a lâché sa flèche et apprécie son lancé. En automne, l’archer
ramasse sa flèche et reconstitue ainsi son potentiel pour les saisons à venir.
Dès ce printemps, soyez l’archer ! Car qui ne saisit pas son printemps
devra attendre le prochain retour de Perséphone…
Jean-François Astier
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